Champion : Le monde est chill
Musique

Champion : Le monde est chill

Champion vient de passer une année riche en émotions. Après avoir fait un arrêt remarqué au dernier Festival de jazz de Montréal et récolté une convoitée statuette, il boucle 2005 dans le confort du Métropolis.

Attablé dans son resto-bar favori situé en plein cœur de la Main, Maxime Morin, alias Champion, fume une clope en sirotant tranquillement un allongé décaféiné. À la fois détendu et verbomoteur, affichant une barbe de quelques jours, les yeux brillants, le sympathique nerd aux lunettes à monture noire enchaîne les anecdotes, tout en saluant occasionnellement quelques passants. Inutile de le préciser, notre homme ne s’est pas tourné les pouces depuis la parution de sa première galette remarquée autant par le public que par les critiques.

Abandonnant pour de bon le pseudonyme (et le son plus étriqué) de Mad Max au profit de celui plus accrocheur de Champion, Morin accoucha avec Chill ’em all d’une œuvre toute personnelle, hybride électro tous azimuts amalgamant grooves torrides, boucles hypnotiques, ambiances cotonneuses et férocité des guitares toutes dents sorties. Entouré d’une équipe du tonnerre (dont une amie de longue date, la chanteuse Betty Bonifassi, complice de Benoit Charest), il assume pleinement ce premier compact, son seul regret étant de l’avoir mixé lui-même, faute de moyens. "J’avais envie de produire quelque chose que j’allais être en mesure d’écouter dans une voiture, dans le salon ou en faisant l’amour. Je me suis dit: Fuck off! Je fais un disque pour me faire plaisir! Aujourd’hui encore, chaque fois que je le réécoute, ça me fait un petit velours. Je crois avoir bien réussi le coup."

Qui osera prétendre le contraire? Un peu plus d’un an après sa parution, tout près de 17 000 copies se sont envolées sans l’aide des radios commerciales. Pas mal pour un ex-rénovateur destiné à composer des jingles publicitaires. Avec la proximité des marchés européens et la facilité de propager la musique urbaine au pays de Renaud, des projets internationaux se profilent-ils pour monsieur Champion? "Il y a un bon moment que je me sens prêt à exporter l’album outre-mer, mais j’ai simplement manqué de temps. Jamais dans mes rêves les plus fous j’aurais cru que Chill ’em all aurait eu cet impact ici. D’un autre côté, c’est une chose d’être prêt moralement, mais de l’être sur le plan de la business en est une autre. J’ai élaboré un plan et si ça va bien du côté de l’Europe et ailleurs dans le monde, je consacrerai mes énergies là-dessus. Si ça stagne, je pondrai un autre disque", laisse-t-il tomber.

MUSICOTHÉRAPIE

Croyant dur comme fer au pouvoir thérapeutique de la musique, Morin échafauda pourtant les pièces composant Chill ’em all pendant une période plutôt sombre de sa vie. "Après avoir composé Die In Peace, je me suis promené à travers la ville et j’avais le sentiment d’avoir accompli quelque chose de bien. J’étais heureux, pauvre comme la gale mais je pouvais maintenant mourir en paix! raconte-t-il, la voix vibrante. Je crois beaucoup aux larmes, aux crises, mais quand ça ne va pas, vaut mieux rester chez soi et faire sortir le méchant. À chaque fois que je doutais de quelque chose, je me demandais si ça me faisait du bien. Si c’était le cas, je continuais. Sinon, je "scrappais" tout et je recommençais à zéro."

Marqué au fer rouge par les beats de l’Anglais Norman Cook, le bidouilleur de 36 ans revient d’une escale dans la Vieille Capitale où il a rempli un mandat de DJ particulièrement enrichissant. "J’ai besoin de répéter l’expérience et d’aller puiser dans les musiques arides pour arriver à produire une musique comme la mienne. J’ai baigné dans un milieu essentiellement rock cette année et je ressens maintenant ce désir viscéral de recommencer à m’informer, à lire, à capter tout ce qui se passe autour de moi", raconte Champion, nouveau membre de l’équipe de Bonsound.

Après sa récente collaboration avec la comédienne Lucie Laurier pour une nouvelle version de Call Girl, notre homme participera prochainement aux Transmusicales de Rennes où il fera tourner les platines en plein cœur de la nuit. Ayant vécu l’expérience du Festival de jazz en un éclair et de manière plutôt détachée (devant près de 100 000 curieux rassemblés sous la pluie battante), le maître du laptop compte savourer chaque seconde de ses dernières prestations de l’année, dont celle au Métropolis, alors qu’il sera accompagné par ses six G-Strings. Bénéficiant d’une mise en scène soignée et d’une conception visuelle signée K-Projet, l’événement promet d’en mettre plein la vue aux amateurs. "Le mandat était de produire une sculpture d’ondes sur scène, mais je ne voulais pas beurrer épais. J’aime la finesse et les idées simples même si je n’ai pas de propos révolutionnaires à part: soyons ouverts." De bien sages paroles.

Le 17 décembre
Au Métropolis
Voir calendrier Rock / Pop