Jane Siberry : Force tranquille
Musique

Jane Siberry : Force tranquille

Jane Siberry, artiste novatrice dont la carrière se caractérise par le refus de tout compromis, a toujours entretenu une relation privilégiée avec son public. La voici parmi nous.

Comparée, dès ses débuts, à Joni Mitchell, Jane Siberry a exploré différentes formes musicales: le folk, l’électro-pop, le jazz. L’album Teenager (1996), regroupant les premières chansons de l’artiste, écrites au moment de l’adolescence, montre, comme dans la merveilleuse Let’s Not Talk Now, à quel point l’auteure était déjà sensible à une vision poétique des choses (la vie intérieure, l’imaginaire, l’observation précise de la nature) et au langage: "Certains poèmes me font sentir le grand pouvoir suggestif du langage."

Au milieu des années 80, une chanson tirée de l’album No Borders Here, Mimi on the Beach, hypnotisera des milliers d’auditeurs, les rendant captifs de cette mélodie invitant à la danse, doucement. Avec The Walking (1987), Bound by the Beauty (1989), When I Was a Boy (1993) et Maria (1995), Siberry s’imposera comme l’une des artistes de premier plan d’une pop audacieuse et novatrice. Caractérisée par un certain minimalisme et privilégiant un fort accent pour la mélodie, sa musique n’est pas sans rappeler le travail de Laurie Anderson, dans une forme plus près de la chanson. Elle collaborera avec plusieurs artistes très progressistes comme Brian Eno, Hector Zazou, Michael Brooke ou le batteur de jazz Brian Blade: "J’aime bien ces artistes, leur parcours est différent, et leur écoute aussi."

En décembre 2003, Siberry présentait une œuvre pour le moins originale, Sushan the Palace (Hymns of the Earth), qui regroupe des hymnes de Haendel, de Bach, de Mendelssohn, de Praetorius et de Gustav Holst. L’interprète souligne à quel point ces "hymnes", par leur structure, par le recours fréquent à la répétition, offrent une sensibilité qui est proche de celle des grandes chansons mélodiques de la musique pop d’aujourd’hui. Lors du concert qu’elle a présenté au Club Soda en juin 2004, dans le cadre du Festival International de Jazz de Montréal, la chanteuse a interprété plusieurs de ces pièces.

Avec la création, au milieu des années 90, de sa propre maison de disques, Sheeba, Jane Siberry est devenue une figure importante de la musique indépendante. Bien qu’elle ait dû récemment mettre fin aux activités de cette maison, la chanteuse a développé un magasin Internet du nom de Log Cabin: "Tout mon catalogue est sur mon site Web. Le système en est un de self-determined transaction (SDT). Il ne s’agit pas de dons. Les gens veulent comprendre comment les choses fonctionnent. Ils ne veulent pas être traités comme des enfants. Les gens choisissent eux-mêmes de payer ou non, et ils le font en toute connaissance de cause. Log Cabin leur permet de prendre une décision éclairée."

Plus que jamais, Jane Siberry accorde une importance à la prestation devant public: "Le concert devient de plus en plus un medium en lui-même. Il laisse une très grande place au processus créatif." La chanteuse a récemment reçu le prestigieux prix Victor Lynch-Stainton pour son "œuvre exceptionnelle dans le domaine de la musique canadienne". Programme double de rêve: la première partie du spectacle sera assurée par Thomas Hellman, dont l’album L’Appartement a été encensé par la critique.

Le 11 décembre
Avec Thomas Hellman
Au Club Soda
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