Liederwölfe : L'opéra pour les nuls
Musique

Liederwölfe : L’opéra pour les nuls

Liederwölfe fait sortir l’opéra des salles guindées pour lui dénicher une place au Divan Orange. Projet étonnant pour les oreilles dégourdies et les curieux en puissance.

De plus en plus de jeunes interprètes de "musique classique" (au sens large) cherchent à faire sortir la musique du contexte trop restrictif de la salle de concert. Le violoncelliste Matt Haimovitz est allé jusqu’à jouer les Suites pour violoncelle seul de Bach au CBGB! Chez nous, l’ensemble de musique contemporaine KORE a donné plusieurs concerts à la Sala Rossa ou au Lion d’Or. Voici maintenant Liederwölfe, un collectif qui veut présenter le chant opératique (le vrai, sans flaflas électroniques ou autres gadgets) dans les salles enfumées. Une initiative qui devrait plaire aux directeurs de l’Opéra de Montréal, qui compte déjà plus de 20 % de ses abonnés parmi les 18-30 ans.

Il y a déjà un bout de temps que Lindsay Michael essayait d’entraîner ses collègues étudiants en musique à McGill dans une tournée des bars (pour chanter!), mais l’invitation ne prenait pas. Après son bac, la soprano colorature a finalement cessé de chanter pour se tourner vers le journalisme (à la radio de la CBC), mais au bout d’un an, l’appel du chant l’a ramenée à McGill pour y faire une maîtrise. "Après le bac, explique-t-elle, j’ai beaucoup fréquenté la scène rock montréalaise, qui est très variée; certains concerts de noise sont aussi exigeants pour le public que peut l’être la musique contemporaine, et je me demandais vraiment pourquoi ce public-là ne se rendait pas aussi dans les concerts dits "classiques". Lorsque je fais écouter des disques d’opéra à mes amis qui ne sont pas musiciens, ça les touche, mais ils n’ont presque jamais entendu ça avant… Alors notre idée, c’est de faire entendre cette musique aux gens de notre âge et de le faire dans un contexte où ils ne se sentiront pas prisonniers, comme c’est le cas dans la salle de concert traditionnelle."

L’idée de devoir s’asseoir au milieu d’une salle et d’écouter attentivement tout ce qui vient de la scène, bon ou mauvais, sans dire un mot, ne constitue pas nécessairement ce que tout le monde considère comme l’équivalent de "passer une bonne soirée". Lorsque la chanteuse est revenue à McGill, les choses avaient changé, et elle a trouvé plusieurs musiciens intéressés par son projet. "Tout d’un coup, j’ai reçu des propositions de six pianistes, d’une dizaine de chanteurs, et d’autres instrumentistes! Nous voulons redonner le pouvoir au public, poursuit Lindsay Michael; qu’il ait la possibilité de parler à son voisin ou de sortir si le spectacle ne lui plaît pas; c’est pourquoi nous faisons plusieurs petits sets. Ce sera plus difficile pour nous, les artistes, parce que ça parlera, ça fumera (c’est mauvais pour la voix!), mais nous croyons aussi que ça risque d’être plus vivant, car beaucoup de gens entendront Verdi, Mozart, Debussy, Poulenc, Britten, Wolf ou Turina pour la première fois." Il y aura pour ce premier concert de Liederwölfe quatre pianistes et six chanteurs, mais l’aventure ne fait que commencer!

Gratuit
Le 11 décembre
Au Divan Orange
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