Quatuor Takács : Takács à jamais
Le Quatuor Takács s’ajoute à la liste des invités de prestige du Club musical de Québec. Un incontournable de la musique de chambre en constante mutation. La tradition se poursuit.
Trente ans. C’est comme hier pour András Fejér, violoncelliste du Quatuor Takács depuis sa création, qui, d’une simplicité débonnaire, constate le travail accompli. Point de vanité ou d’excès de fausse modestie. "Nous avons débuté ensemble avec une idée précise du travail que nous voulions faire, témoigne András Fejér. Avec sérieux et un appétit intellectuel partagé. Tout y était, avec le chemin qui restait à accomplir." Un parcours confirmé par un fait discographique maintenant incontournable: une intégrale des quatuors de Ludwig van Beethoven, qui fit sensation tant sur disque qu’en récital, et du compositeur hongrois Béla Bartók, origine oblige. Ce n’est pas une mince affaire de s’imposer aussi adéquatement avec un tel héritage qui vous précède. On n’a qu’à penser au légendaire Quatuor Végh. Né à Budapest en 1975, le Quatuor Takács s’inscrit dans cette tradition. Qu’est-ce qui confère autant de caractère et d’originalité aux musiciens hongrois? "C’est peut-être dû au fait que toute forme d’expression chez l’individu est encouragée. Il y a une liberté qui s’incarne avec cette éducation. Elle n’a pas de limite, laissant libre cours à toutes formes d’émotions. C’est quand même extrême! Je présume que cet état d’esprit se communique dans notre musique."
En compagnie de son complice des débuts Károly Schranz au violon et d’Edward Dusinberre au premier violon, András Fejer et ses comparses s’adjoignent Geraldine Walther à l’alto, nouvellement incorporée au Quatuor. Un changement qui impose au Quatuor Takács une période d’adaptation et qui donne un caractère singulier au répertoire du récital à venir. Outre le deuxième quatuor de Borodine et celui de Debussy en sol mineur, le quatuor n° 3 de l’opus 76 de Haydn complétera le concert, en ouverture. Un compositeur auquel ils veulent rendre justice, en soulignant toute l’ingéniosité de cet opus trop rarement joué à leur avis. "Nous concentrons notre travail à construire une unité parfaite avec Géraldine, explique András Fejér. Non pas que nous ayons une philosophie propre. Le choix de Géraldine s’est fait selon des critères d’expression et de couleurs. Elle a bien réagi face à notre liberté d’interprétation dans certains répertoires, dont Mozart et Haydn." Une démocratie interne qui n’est pas exempte de rigueur et d’empathie, des facteurs clés dans l’existence d’un ensemble de chambre. "Nous vivons pratiquement ensemble, indique András Fejér. Plus qu’avec nos propres familles. Nous sommes chanceux vu les circonstances. C’est délicat et il faut être attentifs les uns aux autres. C’est donnant, donnant." Une réalité à laquelle s’ajoute une expertise de plus en plus affinée chez le Quatuor Takács. András Fejér y voit-il une pensée musicale établie, transmissible pour un autre quart de siècle? "Absolument! L’expérience du travail et de la curiosité intellectuelle qui l’accompagne, c’est la seule motivation dont nous avons besoin pour un autre 25 ans."
Le 12 décembre à 20 h
Au Grand Théâtre
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