Simple Plan : Train d’enfer
Le groupe Simple Plan est de passage au Québec. Les gars, dépossédés par la machine vrombissante de leur succès, tiennent à rencontrer leurs fans chez eux.
La popularité attire son lot de jugements. Simple Plan n’a pas toujours l’assentiment de la critique, et le groupe en est conscient. C’est peut-être ce qui explique que Chuck Comeau soit tellement sur la défensive en entrevue. On peut aussi imaginer que lorsque des millions d’albums font entendre leurs rythmes populaires à travers le monde, le plus difficile n’est plus de convaincre, mais de protéger l’image du groupe auprès des amateurs. Chuck en profite pour étouffer les critiques qui leur sont adressées, tout en martelant, comme c’est le cas dans toutes les entrevues accordées par le groupe, que ce qui leur importe, ce sont les fans…
De la rumeur médiatique qui enveloppe le succès du groupe comme une smoke machine, fusent régulièrement des reproches quant à la superficialité des textes qui sont parfois taxés de "juvénilité". Chuck défend vigoureusement le travail du groupe: "On a fait beaucoup de politique avec Reset [groupe duquel Chuck a d’abord fait partie] mais c’était très impersonnel. Tu sens pas que tu exprimes tes émotions. On voulait se rapprocher des feelings." Il soutient même que quelques-unes de leurs chansons traitent d’enjeux sociaux, mais affirme qu’il faut d’abord rejoindre les gens dans leur quotidien, partager ce qui les déchire ou les passionne… "On écrit à partir de nous, de nos vies, de ce qu’on connaît, de nos expériences. Les milliers de lettres de fans qu’on reçoit qui nous disent que cette musique-là les a aidés, que ça leur a permis de savoir qu’ils ne sont pas les seuls à vivre ces problèmes-là, ça nous prouve qu’on les a rejoints."
Et contre les voix qui se font entendre pour critiquer le manque d’innovation de leur musique, Chuck invoque les armes reluisantes que lui fournit sa pléiade d’admirateurs: "Pourquoi réinventer une formule gagnante? Les gens aiment ça!" Et s’il en est encore pour s’interroger quant à l’étiquette punk accolée aux albums de Simple Plan, Still Not Getting Any… permet à Chuck de répondre: "On ne veut pas suivre de règles, s’enfermer. On est ouverts, on voulait sortir des étiquettes. L’important, c’est de faire les meilleures tounes possible."
Par contre, ils semblent réticents à passer aux actes pour ce qui est de chanter en français, même si leur souche francophone est un atout intéressant aux États-Unis. "On a grandi en écoutant de la musique en anglais, raconte Chuck. Si on chantait en français, ça sonnerait un peu artificiel. Mais partout on dit d’où on vient, et entre nous on parle français."
UN BAND LIVE
Qu’on aime ou non, il faut admettre qu’une fois sur scène, le band prend tout son sens. L’énergie brute qu’ils concentrent sur les planches alimente sans relâche les foules avides et fiévreuses qui s’attroupent. Malgré tout ce qu’exige la vie pendant une tournée où les spectacles s’accumulent, ils savent répondre à la demande; c’est un band qui aime jouer live. Aucun passage à vide n’est possible. "On se donne à fond, on s’amuse. L’important, c’est que tout le monde ressorte de là avec le sourire, affirme le batteur. Et ça marche!" Ce qui semble clair, c’est que Simple Plan mourra avant de vieillir au point de cesser ses spectacles. "On est là pour rester!" Pour l’instant, il faut les attraper au passage.
Leur tournée leur a fait voir le monde: ils se targuent de rejoindre leurs fans là où ils se trouvent, répondant simplement à leur appel.
En moins d’un mois, c’est près de 20 spectacles qu’ils font sur le territoire canadien. Cette semaine, après Montréal et Québec, ils feront un détour par Chicoutimi et Rimouski. C’est à ce train d’enfer qu’ils vivent la machine de leur succès depuis le début de leur tournée: ils ont vu l’Australie, l’Asie, l’Amérique du Sud… et se rendront bientôt en Europe et en Afrique du Sud.
Pris dans le carcan de l’autobus de tournée, le sommeil agité par les chemins imparfaits qui ne semblent relier que les salles de leurs spectacles, ou le regard comblé chaque jour par des paysages qui se confondent, on pourrait croire qu’être toujours sur la route est lassant. Pas de repos possible, ni de véritable visite de toutes ces terres plus ou moins exotiques qu’ils ont foulées. Chuck met un bémol: "C’est sûr qu’on n’a pas un mois à chaque endroit, mais on a un regard général plus développé à force de voyager. C’est une question de volonté. C’est important, même en quatre heures, de prendre le temps de visiter une ville." Parmi ceux des plus fervents admirateurs qui ne seront pas satisfaits de la rencontre éphémère de leurs idoles entre la salle de spectacle et le bus du groupe, peut-être que certains auront la chance de croiser l’un d’entre eux en ville…
Le 9 décembre
Avec Hedley et les Planet Smashers
Au Centre Bell
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