Marie-Nicole Lemieux : Exquise Lemieux
La contralto Marie-Nicole Lemieux donne un concert de Noël avec l’OSQ et maestro Talmi. L’occasion rêvée de s’attarder sur sa dernière production discographique et de faire le bilan.
Marie-Nicole Lemieux
est au sommet de son art et s’en porte de mieux en mieux. Après une année 2004 remplie d’événements exceptionnels (de nouveaux contrats de disques avec Naïve; ses débuts à l’opéra sur la scène européenne, à Berlin avec René Jacobs; l’enregistrement d’Orlando Furioso de Vivaldi…), la voici maître à bord, ayant encore tout à accomplir. Car c’est une artiste entière qu’est en train de devenir la contralto. Son dernier disque, L’Heure exquise, en est un témoignage. Enregistré en compagnie du pianiste Daniel Blumenthal et réunissant les compositeurs français Ernst Chausson, Reynaldo Hahn et Claude Debussy, le disque a amené Marie-Nicole Lemieux à s’isoler en Suisse pour cinq jours. Résultat, une production signée de son talent unique et de sa personnalité. "C’est un programme qui me tient à cœur, souligne Marie-Nicole Lemieux. J’ai voulu y moderniser l’expression, ne pas me limiter au seul respect de la syntaxe, mais bien lui donner une couleur particulière. Je me suis permis d’explorer aussi! L’Albatros d’Ernst Chausson, c’est à ma connaissance la première fois que c’est enregistré. Nous avons découvert le manuscrit original dans des archives. Tout en l’enregistrant à partir de la "patte" même du compositeur, nous nous sommes littéralement plongés dans l’époque. C’était très excitant. Pas facile à lire, Chausson. Il écrivait tellement petit!"
Ce disque provoque aussi l’émoi chez quelques-uns, pas seulement par la voix de la femme, mais bien par la surprise d’y voir sur la pochette une Marie-Nicole Lemieux nue, qui montre un dos de lait et le profil de son visage, la tête ornée d’un foulard oriental coloré. Une image saisissante, généreuse de chair et d’éclat. "C’est beau! se réjouit encore la contralto. On sort de la pose classique habituelle à laquelle on est si souvent habitués." Un concept photographique élaboré en collaboration avec Denis Rouvre, responsable entre autres de l’image concept de la série Vivaldi pour l’étiquette Opus 111/Naïve, très glamour. "Je n’ai rien trouvé de vulgaire en voyant le résultat, ajoute Marie-Nicole Lemieux. Au départ, avec Denis, l’idée était de plonger dans l’époque du programme musical. On pensait à un tableau qui représente cette femme typique de l’époque, aux formes prononcées, au teint blanc immaculé. Des peintres comme Delacroix, par exemple. Plus les séances de photo avançaient, plus il voulait voir de la peau. Alors je lui ai demandé clairement s’il voulait me voir nue. C’est ce qu’il voulait depuis le départ. Et je l’ai fait."
À n’en pas douter, Marie-Nicole Lemieux est en pleine possession de sa personne et se montre créative sans aucune retenue. Une situation dans laquelle elle se sent bien et qui la motive de plus belle. "C’est la première fois que j’ai autant de pouvoir sur ce que je fais, dit-elle à propos du disque. Comme une artiste à part entière. Le cadrage serré pour la photo du disque, le programme et l’ordre déterminé, le choix des prises de son, le montage… J’assume tout. Les erreurs, les défauts… Je peux les justifier."
Le 21 décembre à 20 h
Au Grand Théâtre
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