Mauvais Sort : Le sort bien sonné
Musique

Mauvais Sort : Le sort bien sonné

Mauvais Sort lance un troisième album ayant pour titre Koru, mot maori signifiant nouveau départ. Nouveau bassiste, nouvelles teintes musicales et nouvelles tournées au bout du monde, mais toujours le même défi: se démarquer à domicile.

La formation néo-trad de Québec Mauvais Sort ne sera sans doute jamais victime d’une ennuyeuse routine créatrice. Alors que s’opérait un changement de batteur en mars 2003, c’était au tour du bassiste originel Charles Picard de déclarer forfait l’été dernier, ouvrant toute grande la porte à la dextérité et aux idées fraîches de David Gagné. Bien sûr, toutes ces variations d’alignement amènent leur part d’avantages et d’inconvénients. "C’est un nouveau départ au niveau du style", avance Patrick Giroux, violoniste et mandoliniste du groupe, révélé en 2000 par sa victoire au CONGA. "C’est vraiment plus world beat que les deux autres albums", dit-il de Koru, troisième recueil du groupe, enregistré, mixé et réalisé à Cap-Rouge par David Champoux. "Veux, veux pas, des nouveaux musiciens, ça amène toujours des nouvelles influences. Alors musicalement, ça nous fait avancer beaucoup, sauf que d’un point de vue personnel, on perd des amis, même si on est loin d’être en chicane", assure-t-il.

"Ce qui est difficile, c’est que c’est toujours à recommencer, confie pour sa part Nicolas Geoffroy (voix, guitare, mandoline, banjo et pieds). Ce n’est pas évident, autant pour le public que pour nous. Puis à un moment donné, à force de toujours changer de musiciens, tu ne finis par ne plus trouver ton son. Mais, ça fait partie de la vie…"

Des épreuves de vie néanmoins fort bénéfiques à l’œuvre du groupe, dont les bases folkloriques se trouvent relevées par de généreux coloris celtiques, latins, voire progressifs ou hard rock. À se demander comment ils parviennent à si bien faire prendre le tout. "Il faut faire attention pour ne pas se perdre", admet Patrick, en jetant un regard biscornu au le batteur Guillaume Côté, fan notoire de métal. "Pourquoi tu me regardes?" rétorque le principal interpellé, sourire en coin. "Je regarde le mur", ment Patrick, semant l’hilarité générale.

"Non, ce n’est pas évident, reconnaît Guillaume. Mais on a toujours Nicolas et Stéphanie (Richard), l’accordéoniste, qui sont plus trad et qui sont toujours là pour nous ramener quand on s’égare un peu trop. Mais je pense qu’on a réussi à bien garder tout ça ensemble, et on sent bien les racines québécoises…"

Le succès remporté par le groupe à l’étranger, comme récemment en Écosse et en Nouvelle-Zélande, reviendrait donc en bonne partie à l’exotisme dégagé. Exotisme toujours difficile à faire valoir chez soi au Québec, même si la situation semble vouloir s’améliorer. Mais sans l’aide des radios ou de la télé, la tâche n’est pas mince. "Le public prend ce qu’on lui donne, croit Guillaume. Si tu as dans la tête ce que tu entends toute la journée à la radio, c’est ça que tu vas aller acheter; on ne pourra jamais rivaliser contre des grosses machines de même, déplore-t-il. Mais on voit que les gens aiment ça lorsqu’ils viennent nous voir en spectacle. Ils disent: "Ah! C’est ça, du trad? Heille! Ça brasse, hein!?! C’est vivant, puis c’est le fun!"

Le 21 décembre
Au Café Campus
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Mauvais Sort
Koru
Disques MS/Outside