Vilain Pingouin : Retour du pingouin
Musique

Vilain Pingouin : Retour du pingouin

Vilain Pingouin poursuit un retour en toute simplicité volontaire, en marge de son passé célèbre et du cirque de l’industrie, mais d’autant plus branché sur le désir de jouer.

En 2003, le groupe revenait sur scène pour l’enregistrement d’un album live, Jeux de mains, qui incluait quatre nouvelles chansons studio. Mais c’était toute une première pour les nouveaux membres, le bassiste Michel Turcotte et le guitariste Alain Godmer… qui ont pleuré.

"Crisse, les gars, vous vous rendez pas compte, vous savez pas c’est quoi vous autres jouer trois soirs semaine jusqu’à trois heures du matin devant une gang de saoulons qui se câlissent de toi pis qui te demandent Mustang Sally sans arrêt", lance, dans une empathique imitation, l’expressif Rudy Caya, assis sur un tabouret de son local de pratique de la rue Amherst, comme si nous étions au théâtre de sa vie.

Le quarantenaire, dont les pattes d’oie sont parfois masquées par un nuage de fumée de cigarette, se souvient d’un autre lieu de pratique, le 77, Mont-Royal Ouest : "Dans le temps, on pratiquait à l’Usine de création Acmé, sur Mont-Royal. De cette usine-là sont sortis la gang de Jean Leloup, Madame, Les frères à Ch’val, Dédé Traqué, nous autres, les (Parfaits) Salauds, etc. C’est de là que les tam-tams du mont Royal sont nés, aussi… C’était une sorte de Factory d’Andy Warhol."

Au son plutôt français à la sauce Mano Negra, Vilain Pingouin injecte aujourd’hui des élans un peu plus hard et affiche davantage un côté hip-hop, genre chéri de notre humble orateur. "Je me rappelle que, consciemment, la toune Mourir de rire était un pas dans cette direction. Il y a beaucoup plus de mots rapides, ta ga da ga da ga da ga da…" C’est-à-dire: "C’est là que je l’ai vue pour la toute première fois…" Celui qui ne se rappelle pas toujours des paroles en spectacle, qui dit s’aider d’une personne qu’il a "spottée" dans la foule, invite aussi des rappeurs de son coin (Sainte-Rose, Laval) à "spiter" sur ses chansons. Par exemple, Ludo: "C’te gars-là attend d’exploser, c’est le prochain… Lui, les filles capotent dessus. C’est un Colombien. Beau bonhomme. Et sur un stage, il est écœurant, c’est un aimant… Je suis allé voir plein de shows où t’as comme 20 artistes qui passent dans la soirée. Il faut que quelqu’un te le dise, qu’ils sont en train de faire un show, parce que ça ne paraît pas, là, babababaaaaaa. Mais lui…"

Pour l’album solo sur lequel il planche parallèlement, Rudy travaille aussi avec "un petit hacker" qui ne faisait pas de musique avant et qui utilise le logiciel Reason de façon fort instinctive. Et s’il pouvait mettre la main sur ce gars qui couche dehors trois soirs par semaine, il lui ferait bien "spiter" son spleen.

Comme Éric Goulet (Monsieur Mono / Les Chiens), il destine le matériel intimiste à son projet solo et rend au Pingouin ce qui appartient au Pingouin, qui marche lentement mais sûrement vers de nouveaux cieux.

Le 22 décembre
Au Cabaret Music Hall
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