With All Due Respect : Sauf votre respect
Musique

With All Due Respect : Sauf votre respect

With All Due Respect, à des kilomètres du folklore associé aux Fêtes, présente son amalgame de dub déformatée et d’ondulations électronifiées. Rencontre avec l’étonnant duo montréalais.

A priori, rien ne laissait imaginer que ces deux Montréalais allaient un jour "jammer" ensemble dans un studio maison. L’un des deux (Nicolas Cousin) vivait sur la Côte-Nord à Baie-Comeau et se réchauffait les oreilles au son des King Tubby et autres rois reggae et artisans dub en provenance de la Jamaïque. L’autre (Stéphane Lavallée), en plus de se présenter comme le plus grand fan de Skinny Puppy à respirer sur cette planète, trouvait son plaisir du côté de l’électro et des musiques industrielles. "J’ai grandi dans un environnement urbain, dira-t-il au cours de l’entretien, et je crois que ça a déterminé en partie mon rapport à la musique."

Deux sensibilités opposées mais visiblement très compatibles qui n’annonçaient pourtant pas la rencontre dans une firme de publishing là où ils s’adonnaient, en équipe, à la recherche sonore pour des films et des séries télé. Avec une banque de 5000 disques à leur disposition, de quoi donner des idées de grandeur. "Stef m’a ouvert à la dimension électro et moi j’ai apporté tout le côté dub. Ensuite, la fusion a opéré", se souvient Nicolas.

Résultat: des pièces ondulantes cherchant à occuper un vaste territoire voisinant l’ambiant, amalgame d’échos dub et d’une certaine gravité, une touche plus sombre qui réoriente l’habituelle trajectoire dub – surtout sur une plage telle qu’In Simple Past and Present Perfect, composée à partir d’un échantillon prélevé chez les enthousiasmants shoegazers montréalais de destroyalldreamers (À Cœur Léger Sommeil Sanglant, Where Are My Records, 2004).

Les rythmiques bondissantes pointent en direction des amours électro de Stéphane, les sonorités sont traitées avec finesse et les atmosphères évoquées trouveront grâce aux oreilles de ceux qui se plaisent chez Thievery Corporation. Nicolas: "La recherche sonore est capitale, on passe encore plus de temps à définir le type de sonorités qui nous intéressent qu’à composer les pièces."

With All Due Respect lançait l’été dernier un premier mini-album (These Walls Will Soon Fall…, Indépendant) doublé d’une performance assez médusante à la Sala Rossa, un concept appelé à évoluer avec la formation. À demi dissimulé derrière de grands panneaux de plexiglas semi-opaques, le duo d’habiles bidouilleurs apparaît en ombres chinoises, évitant les pièges associés aux performances impliquant un laptop… Et la chose, on le sait, relève d’un art délicat: "On essaie d’être de plus en plus transparents, c’est un mur qui va disparaître… Toute cette dimension visuelle est un work in progress témoin de nos idées grandioses, réalisées pour l’instant avec des moyens minimes. Ce qui tient de la mise en scène fait partie intégrante de l’entité With All Due Respect. On s’intéresse au choc entre nature et urbanité, à la rencontre entre l’homme et la technologie. Et au mur érigé entre eux."

Évoluant dans une case à part, on a vu With All Due Respect frayer avec Millimetrik, Dead Beat et destroyalldreamers. Cousines sans être frangines, ces formations montréalaises ont plus à voir avec la scène électro que rock, selon Stéphane: "C’est pas qu’on veuille faire cavalier seul, mais en ce moment, on se retrouve un peu entre deux chaises… Ceux qui ont un faible pour la scène montréalaise sont surtout intéressés par le prochain Arcade Fire et ils ne regardent pas tellement ailleurs que là… C’est dommage. Mais je suis content pour Montréal, il était temps. Selon moi, il aurait fallu que tout cet engouement-là survienne quand Godspeed est passé il y a quelques années…"

Le 30 décembre
À la salle O Patro Vys
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