Akron/Family : Quelle famille!
Akron/Family, famille éclatée et éclatante, revient à Montréal en programme principal cette fois. Amateurs de folk déformaté et d’harmonies vocales beatlesques, l’heure est aux réunions familiales.
Nouveaux poulains racés du label Young God (Devendra Banhart, Calla, Windsor for the Derby), Akron/Family, famille éclatée de barbus sympas, revient sur Montréal après deux visites en 2005, l’une au printemps avec Angels of Light et l’autre à la Casa del Popolo en août dernier. Repérés par Michael Gira, tête pensante du band et de l’étiquette précités, grand manitou à l’instinct surdéveloppé quand vient le temps de détecter les nouveaux génies du folk lo-fi, le quatuor, après un second album – un split avec Gira – paru à l’automne passé, est une formation qui commence faire parler d’elle chez les amateurs de folk déformaté façon Banhart, Cocorosie, (Smog), feu Elliott Smith et Joanna Newsom.
"On avait envoyé nos démos à des étiquettes qui nous intéressaient. Michael Gira, après un bon laps de temps et sans nous faire signer quoi que ce soit, nous avait écrit pour nous encourager à poursuivre et à le tenir au courant des développements du band. On lui a renvoyé d’autre matériel, et après quelques mois, comme ça, il nous a contactés pour nous dire qu’il avait réécouté nos chansons, qu’il avait aimé ce qu’il avait entendu et qu’il voulait nous voir live. On a fait des petits shows pendant trois semaines, il s’est pointé chaque soir", se souvient Ryan Vanderhoof, chanteur/musicien. Une tournée suit et Gira prend Akron/Family sous son aile, collabore avec ladite famille, les invite à ouvrir pour Angels of Light, "probablement parce qu’il sentait que notre musique était susceptible de plaire aux amateurs d’Angels of Light et qu’il voulait nous donner un coup de pouce, tout comme pour le split en sa compagnie." Généreux Gira.
Beaucoup plus proche de l’esprit live, le split réunit les traits fins du groupe que l’on avait découvert au printemps passé avec un premier effort éponyme: harmonies patraques de voix parfois angéliques ailleurs explosées, confessions déglinguées aux atmosphères bucoliques d’une campagne un peu grise et embuée, chansons exigeantes à racine folk pouvant apparaître déstabilisantes à la première écoute en raison de leurs montées abruptement interrompues, quelques touches psychédéliques et des moments noisy de climax qui ne laissent aucun doute sur l’authenticité de l’approche, la sincérité totale du groupe vis-à-vis la musique et la création.
Lorsqu’on lui demande quels instruments sont réunis sur l’étonnante Future Myth, Ryan Vanderhoof se braque: "Oh my God! Oh my God! Je ne sais plus, il y en a tant! La base de la chanson est simple; la plupart du temps c’est organique, on s’enregistre, puis ensuite on traite les sons avec des effets de pédale, et à l’ordinateur."
Plusieurs membres du groupe ont grandi dans des petits villages situés au nord de l’état de New York. Ils se sont installés dans la Grosse Pomme, tous ensemble dans un grand loft bordélique et jonché d’instruments, à Brooklyn, il y a quelques années de ça, dans le but de se consacrer entièrement à la musique. Et ce choc entre les origines apaisantes, rurales et l’effervescence d’une ville enivrante et nerveuse, se lit tout entière dans les chansons. "Je crois fermement que l’environnement dans lequel on est plongé influence le processus créatif, même qu’il nous est arrivé d’aller enregistrer des pièces aux sonorités plus délicates et subtiles dans des petits endroits. Ensuite, on repérait des espaces vastes pour les pièces où tout explose. Alors oui, notre arrivée à New York, qui est si singulière et vibrante, a certainement eu un impact sur notre musique."
Car il faut le dire, en compagnie de la famille Akron ("Akron, c’est le nom d’une petite ville bizarre et un peu désolante dans l’Ohio, connue pour sa fabrique de caoutchouc"), on passe d’harmonies apaisantes (sur Awake) – qui rappellent, par exemple, la mélancolie vaporeuse d’une pièce comme Because des Beatles et un certain psychédélisme associé aux années 70 -, à une explosion brutale et chaotique qui prend son temps avant de s’éteindre, pour laisser l’auditeur étourdi, désorienté devant les structures complètement imprévisibles et cassées.
Et en terminant, pourquoi vous afficher comme une famille?
"Malgré une sensibilité qui nous lie, on est tous assez différents les uns des autres dans le groupe, mais on se laisse libre et on se respecte…"
Le 12 janvier
Avec Timber! et Matias Rozenburg
À la Sala Rossa
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