Gheoulah : Touche-à-tout
Geoulah-Mongoose, la formation au nom double, a-t-elle une double personnalité? En tout cas, elle revendique une double nationalité, d’illustres alliés jamaïcains et de la détermination à revendre.
Pourquoi, d’ailleurs, avoir changé le nom de la formation après s’être installés en Californie? "Parce que le nom Gheoulah est imprononçable en anglais!, explique Maïmon, chanteur, guitariste et compositeur du groupe. Très tôt, dès qu’on a commencé à faire des spectacles là-bas, ça rendait les choses vraiment compliquées. Mongoose a de l’impact, ça se dit bien, et il y a une symbolique, du fait que c’est un petit animal qui s’en prend au serpent…"
La formation a donc quinze ans d’existence et depuis plus de dix ans, Geoulah fait parallèlement carrière au Canada et aux États-Unis. Pourquoi avoir choisi Los Angeles plutôt que New York ou Washington? "J’avais des amis là-bas. Et tant qu’à laisser le froid, aussi bien l’abandonner pour de bon! D’ailleurs, il y a un attachement pour le reggae en Californie qui est assez fort, en plus d’un lien Kingston / Los Angeles qui a amené plusieurs artistes à venir s’y établir. Tu sais, Joe Higgs venait aux spectacles de Mongoose jusqu’à ce qu’il quitte ce monde! On jouait au club West End tous les mercredis soirs; il y venait à chaque semaine et montait même sur scène avec nous. Il m’a appris beaucoup de trucs vocaux, d’ailleurs", ajoute Maïmon.
Un soir, il demande à celui qui a enseigné à chanter aux jeunes Bob Marley, Peter Tosh, Bunny Wailer et plusieurs autres légendes d’aller le voir pour qu’il lui en montre un peu plus. Il lui répond: "T’es sérieux? Come check me!" "Je suis donc allé le voir quelques fois et il m’a appris à développer le puissance de ma voix et les harmonies, évidemment. De la même manière qu’il les enseignait dans sa cour de Trenchtown".
Musicalement parlant, Geoulah tient à sa spécificité, proposant un reggae-roots pas toujours très… orthodoxe. "On joue un style reggae-world; je me suis toujours permis de toucher à tous les styles: ma culture marocaine, le rock, le R&B ou le jazz, mais le reggae, c’est une base à laquelle je tiens. On a commencé en étant des "reggae 101" et quand on a "gradué", on n’a pas pour autant abandonné notre école, on l’a simplement adaptée à nos caractères. Ce qui nous a aidé à évoluer, c’est qu’il y a cinq ans, à la fin du dernier album, Ronnie "Stepper" McQueen, le bassiste original de Steel Pulse, est monté à bord. Et il est aussi devenu notre producteur. Il a une approche "Scientist", à l’anglaise. Ça a été un super mariage", affirme le chanteur.
"Les amateurs de reggae sont à la recherche d’un reggae contemporain. Il a perdu de son essor dans les années 90 mais là, il revient. Les musiciens reggae ont finalement compris qu’on vit dans une époque où une synthèse se crée: maintenant, tu as souvent une tendance reggae, comme avec Manu Chao, sans que ce soit pour autant du roots. J’aime bien l’album de Damian Marley. Il a fait du bon boulot. Je ne te cache pas que dans les années 90, j’avais ma dose de la même sauce qu’on nous ramenait tout le temps". Le nouvel album, à paraître au printemps 2006, s’annonce de qualité internationale et ce ne sont certainement pas Maïmon et sa troupe qui refuseront d’aller le défendre… d’Halifax à San Francisco.
En bout de ligne, qu’apprend-on à faire du reggae pendant quinze ans, Maïmon? "Il n’y a rien de plus désirable qu’un esprit soulevé et apaisé. Apaisé par la transe musicale et les paroles, et soulevé jusqu’à en avoir envie de danser!"
Le 5 janvier
Avec Malade Mantra et Ofer
Au Kola Note
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