Les Voix humaines : On n’a pas tous les jours 20 ans!
Margaret Little forme avec Susie Napper le très dynamique duo de gambistes des Voix humaines, qui célèbre ces jours-ci ses 20 ans par un concert-bénéfice.
C’est au sein du Studio de musique ancienne de Montréal, qui célébrait ses 30 ans en 2004, que Margaret Little et Susie Napper se sont rencontrées, à une époque où la musique ancienne n’avait pas encore la popularité qu’elle a acquise depuis. "C’était l’époque du missionnariat, explique Margaret Little, parce que c’était le début de la redécouverte des musiques anciennes et ça n’avait pas beaucoup de crédibilité à ce moment-là." Lorsqu’elles fondent le duo de violes de gambe Les Voix humaines, en 1985, l’instrument n’est pas beaucoup plus populaire qu’il l’était 10 ans auparavant; Betsy MacMillan en jouait déjà avec Arion, et on avait pu en entendre dans l’Ensemble Claude-Gervaise, sous les doigts de Margaret Little et Louis Bégin (son professeur à l’Université de Montréal), mais un duo de violes, c’était assez rare.
On ne s’étonne plus aujourd’hui de la présence sur nos scènes de cet instrument, cousin de la famille des violons, et c’est bien grâce aux interprètes de la "première vague". Elin Söderström en a appris le maniement auprès de MacMillan à McGill et Mélisande Corriveau auprès de Margaret Little, devenue à son tour professeure à l’UdM. Les deux jeunes gambistes font partie du consort des Voix humaines, un quintette qui regroupe les différents membres de la famille des violes de gambe (dessus, ténor et trois basses), auquel s’ajoute le luth de Sylvain Bergeron. Le cinquième gambiste est Jivko Georgiev, un élève de Susie Napper qui joue sur un instrument reconstitué à partir de morceaux retrouvés dans les murs de l’Hôpital général de Québec, où ils avaient été cachés par les Ursulines avant le débarquement des Anglais!
"Nous présenterons les Sept Lachrimae de John Dowland (1563-1626), explique Margaret Little; il s’agit de sept pavanes sur le thème de la mélancolie, chacune étant suivie d’une gaillarde, qui donne quand même un peu d’espoir! Il y aura aussi lecture de textes tirés de L’Anatomie de la mélancolie, de Robert Burton, un contemporain de Dowland qui propose comme remèdes à la mélancolie la musique, la nourriture et le bon vin; nous allons donc allier ces trois éléments pour l’occasion!" Il ne faut pas oublier en effet que le concert The Plaintive Viols est un événement-bénéfice: en plus de pouvoir goûter des créations culinaires de Susie Napper, ceux qui assisteront au concert seront les premiers à recevoir le plus récent disque des Voix humaines, Les Délices de la solitude, de Michel Corrette (à paraître chez Atma). Il s’agit aussi d’un événement intime, puisqu’il se tiendra dans la crypte de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, qui contient un maximum de 60 personnes. "On a l’impression de descendre dans un autre monde, explique Margaret Little, et c’est le cas! Il n’y a là aucune lumière extérieure, on est entouré de murs de pierre très anciens et très épais; c’est un endroit dans lequel on chuchote d’instinct, on y entendrait une mouche voler, c’est donc un environnement extraordinaire pour ce type de musique."
Le 11 janvier
À la crypte de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours
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