Kaïn : Kaïn toé!
Musique

Kaïn : Kaïn toé!

Kaïn a rapidement conquis la province avec ses deux premiers disques. L’heure est venue d’attaquer Montréal, ville où les groupes rock-folk régionaux sont souvent victimes des sarcasmes des puristes.

Aussi épais que la dernière déclaration fiscale de Gregory Charles, le dossier de presse de Kaïn regorge d’articles provenant d’hebdomadaires régionaux. Outaouais, Haute-Côte-Nord, Estrie, Mauricie, Saguenay; rares sont les textes montréalais. Comme si la grande ville boudait la formation qui vient d’écouler 40 000 exemplaires de son deuxième album, Nulle part ailleurs. Après tout, Kaïn n’est-il pas ce jeune groupe régional rock-folk devant succéder à La Chicane, Oukoumé et autres Noir Silence? Le genre de formation qui, entre une pièce de Malajube et une autre d’Arcade Fire, fait grincer des dents le branché scribe urbain?

Or, ignorer Kaïn à l’aube de ses trois concerts au Lion d’Or, tous à guichets fermés, relèverait de la mauvaise foi. Et si la couverture médiatique se fait plus discrète à Montréal, c’est que le quatuor n’y a pas multiplié les apparitions. Depuis sa naissance à la fin des années 90, la troupe originaire de Drummondville ne s’est jamais produite dans la Métropole en tant que tête d’affiche. Elle a bien participé à deux reprises aux FrancoFolies, mais sur des scènes extérieures, devant lesquelles le nombre de curieux l’emportait sur les véritables fans du groupe.

"Nous sommes conscients des préjugés relatifs aux formations rock-folk régionales et nous ne nous attendons pas à convaincre les plus rébarbatifs, explique le compositeur et chanteur Steve Veilleux. Je ne "montréaliserai" pas mes pièces en ajoutant des séquences électroniques ou en écrivant le texte le plus métaphorique possible. Je pense toutefois qu’en repoussant nos premiers concerts ici, nous nous sommes assurés d’arriver à Montréal au sommet de notre forme."

Chose certaine, les musiciens tendent à se démarquer sur Nulle part ailleurs. Si le plus générique Pop culture permit à Kaïn de se forger un public lors de nombreux festivals, la deuxième galette se trouve rehaussée de sonorités folk bluegrass (dobro, mandoline, harmonica). Avec ses lignes mélancoliques de banjo, la pièce Ailleurs se distingue d’une simple ballade pop; et les accords plaqués au B3 consolident la structure rock d’Embarque ma belle. L’esprit convivial de L’Épopée du j’pense à toi et Mexico rappelle même celui de Vincent Vallières.

"Tant musicalement que textuellement, nos pièces ramènent les gens aux racines folk. Avec Nulle part ailleurs, nous voulions pondre un disque qui évoquerait la route. Un album qui éviterait les refrains plaintifs pour plutôt décrocher un sourire sur le visage des gens. C’est du moins l’effet qui se produit chez les spectateurs lors de nos concerts. […] Sur scène, nous voulons faire la fête, et nos racines rock plus grunge ressortent. Ce serait d’ailleurs une avenue à explorer sur disque dans le futur, mais disons qu’avec deux albums lancés en 15 mois, on va prendre le temps d’y penser."

Les 17, 20 et 27 janvier, et en supplémentaires les 9 et 10 février
Au Lion d’Or
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