La Descente du Coude : Jouer du coude
Musique

La Descente du Coude : Jouer du coude

La Descente du Coude nous a ouvert son repaire à la veille des élections fédérales. Le contexte tout indiqué pour s’entretenir avec la formation punk politisée.

Coincé entre la brasserie Molson et le pont Jacques-Cartier, Cité 2000 est un ancien bâtiment industriel qui abrite aujourd’hui une multitude de locaux de répétition: une véritable usine à musique. En déambulant le long des couloirs éclairés par la lueur blanche artificielle des néons, on y aperçoit des séries de portes décorées d’autocollants de groupes. On a presque l’impression de marcher dans un aréna, et de passer devant la chambre des joueurs de Malajube, des Sainte-Catherines… Ou de La Descente du Coude, nichée au quatrième étage.

La Descente peut se compter chanceuse, son local est délimité par un mur vitré et une mezzanine construite par les membres du groupe et ceux de Kodiak, qui partagent le loyer. Assis sur ce ring en hauteur, Simon Leduc (guitare/voix), P-O (basse/voix), A-G (guitare/voix) et Normand (batterie) discutent musique et politique. Car en cette veille d’élections fédérales, le quatuor punk né des cendres de Suck la Marde et de Guérilla se démarque par la force de ses assauts soniques et la richesse de ses textes matraquant les dirigeants de ce monde. Bachelier en sciences politiques, Simon possède une plume aiguisée et mordante; une marque de commerce bien visible sur L’Indécence du coup, premier album du combo, paru au printemps 2005.

"D’un côté, je ne veux pas trop critiquer, car c’est aujourd’hui facile d’être cynique vis-à-vis de la politique, souligne le chanteur. Les politiciens attaquent leurs opposants ou se mettent sur la défensive. Les discours qui font rêver n’existent plus. J’écoutais les allocutions de candidats actifs dans les années 60 et 70: leurs mots portaient. Lorsqu’ils s’adressaient au public, il y avait de l’émotion. Maintenant, les chefs ont peur de choquer l’électorat et aseptisent leurs propos."

Le manque d’options politiques, l’air clownesque de Jack Layton et les craintes liées à l’économie freinant la souveraineté du Québec teinteront également l’entretien. Au sein même du groupe, on argumente beaucoup; les opinions divergent. Un constat aussi marquant lorsqu’il est question de musique, alors que les observateurs du milieu punk québécois s’entendent sur un point: malgré ses compositions originales et ses textes allumés, sur son premier disque complet, La Descente du Coude n’a pas comblé les attentes suscitées par son percutant maxi Croyez-moi, ça fait mal!. Comme si le groupe avait perdu de son efficacité à trop vouloir complexifier ses pièces. "Je crois que notre album nous a servi à digérer l’arrivée de Normand au sein de La Descente, explique A-G. Comme si les formes de nos pièces avaient soudainement explosé et qu’il fallait s’asseoir sur de nouvelles bases." "Je sens que toutes les pièces écrites par le groupe nous ont permis jusqu’à maintenant de nous apprivoiser comme musiciens, poursuit Simon. Nous venons de monter deux nouvelles chansons supérieures à tout ce que nous avons composé précédemment. Nous soutenons davantage les mélodies vocales et tâchons d’éviter de nous éparpiller."

En plus d’être interprétée lors du prochain concert de La Descente du Coude, l’une de ces nouvelles chansons, Banchez-le, apparaîtra sur la compilation bientôt lancée par CISM dans le cadre de son 15e anniversaire.

Le 21 janvier
Au Petit Café Campus
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