Les Cowboys fringants : Le mors aux dents
Les Cowboys fringants invitent tout le monde à leur Grand-Messe. Il faut s’attendre à ce que ça rue dans les brancards…
On plonge le regard dans l’horizon, la main au-dessus des yeux parant l’implacable soleil: on guette leur monture à l’encolure moirée, aux naseaux fumeux. Les Cowboys fringants sont attendus dans l’arène de l’Auditorium Dufour, bien harnachés à la tournée de la Grand-Messe.
Comme de véritables bull riders, les Cowboys ne savent jamais vraiment à l’avance ce qui arrivera lors d’un show. Jérôme Dupras, le bassiste du groupe, interrogé sur ses prévisions pour le spectacle, explique: "On fait l’horaire une heure ou deux avant le spectacle. Il y a toujours une quinzaine de chansons qu’on est sûrs de faire, et il y en a toujours 10 qu’on rajoute, c’est aléatoire." Ainsi, d’un spectacle à l’autre, il n’y a ni répit ni ennui, c’est toujours différent, ce qui explique peut-être que certains de leurs fans aient assisté à plus d’une vingtaine de spectacles. "Dès qu’on est sur une scène, on a du plaisir", lance-t-il avec dans la voix le trémolo de la hâte.
Surtout, au-delà de ces modifications somme toute mineures, La Grand-Messe a beaucoup évolué depuis leur dernier passage à Chicoutimi, alors qu’ils n’en étaient qu’à leur deuxième représentation. "Vous allez voir toute une différence. On n’est pas un groupe qui fait des milliers de répétitions. On avait commencé la tournée, on connaissait nos chansons, mais elles n’avaient pas encore vraiment de vécu." Avec près de 120 représentations, maintenant, le vécu y est, et les Cowboys semblent bien maîtriser la bête de leur spectacle.
Évidemment, ceux qui connaissent les Cowboys savent qu’ils ne tentent pas de reproduire leur album sur scène. "Quand on fait un album, on passe de six mois à un an concentrés sur les actions studio et les arrangements. Quand on tombe en spectacle… Marie-Annick peut pas faire quatre violons en même temps!"
À CHEVAL SUR LA POLITIQUE
Impossible de s’entretenir avec un membre des Cowboys sans parler d’enjeux sociaux et de politique, en particulier avec la campagne électorale que nous venons de traverser. "À chaque spectacle, on mesure vraiment notre chance de voir qu’on a une tribune, affirme Dupras. Il y a du monde qui nous écoute. On a la responsabilité d’essayer de livrer notre message." Et c’est un franc succès: grâce à leurs chansons, des jeunes retirent leurs œillères, s’ouvrent à la politique et à l’engagement. En font foi de nombreux courriels et les commentaires laissés sur le forum de leur très populaire site Internet. "Il faut savoir quel outil est le meilleur pour rejoindre les gens. Nous autres, à la base, on est des musiciens, explique Dupras. Si on fait des chansons comme ça, c’est parce que c’est des préoccupations personnelles."
UN COWBOY NE S’ARRÊTE JAMAIS
Loin de vouloir enfermer leur bête dans les stalles, les Cowboys ont beaucoup de pain sur la planche. Ils pensent faire encore plus de spectacles en 2006, alors que la tournée pourrait se rendre en France au début de 2007. Le bassiste se veut rassurant: "C’est sûr que c’est le Québec en premier, mais si on peut aller là deux semaines…" Puis, aussitôt la tournée terminée, commencera le grand chantier d’un nouvel album, dont le fantôme visite déjà les rêves les plus fous de leurs admirateurs. D’ici là, peut-être aurons-nous la chance de les voir de nouveau cet été? Qui sait?