Les Psycho Riders : L’école du rock
Les Psycho Riders incarnent les derniers diplômés du cours Rock franco montréalais 101. Un accomplissement remarquable pour une bande, au départ, intimidée.
"L’histoire débute à Alma en 1999. Nous formions un groupe anglophone axé sur les guitares acoustiques. Ensuite, nous avons incorporé à l’ensemble quelques instruments électriques pour donner dans un surf rétro. Nous nous produisions devant 200 personnes, mais c’était mauvais. Des gens disent encore le contraire aujourd’hui, mais j’ai tendance à "chier" sur le passé."
Difficile, ici, de croire Max Villeneuve, chanteur de la formation rock défonce Les Psycho Riders. Des guitares acoustiques, vraiment? Impossible de déceler ces racines sur le premier album du quatuor, Ne pariez jamais votre tête au diable, qui fonce justement tête première dans un registre extrême non loin de celui du Nombre.
En vérité, le cheminement des rockeurs dans la mi-vingtaine prendra un virage important dès leur arrivée à Montréal en 2001. Primo: les musiciens découvrent Turbonegro, qui marquera leur son, lui conférant une intensité renouvelée. Deuzio: à la même époque, Max décide d’écrire dans la langue de Molière. "J’ai réalisé le "I want to pogne" de chanter en anglais. J’ai gardé quelques pièces anglophones pour notre premier disque, mais le prochain sera uniquement en français. C’est possible de bien faire sonner du rock francophone. Le Québec est peut-être un petit marché, mais c’est aussi difficile d’y percer lorsqu’on chante en anglais."
Ces changements effectués, Les Psycho Riders donnent alors deux ou trois concerts par année. "Au départ, la scène rock montréalaise nous semblait inaccessible. Puisque nous ne connaissions personne, je sentais que, même avec de solides pièces, il était très difficile de se produire en concert et de trouver des moyens de diffusion. J’avais l’impression de me retrouver face à un milieu fermé, une clique à l’accès contrôlé."
Pourtant, à force de profiter du last call de L’Escogriffe (bar berceau de la scène rock franco montréalaise), Les Psycho séduisent la mafia aux manteaux de cuir. Si bien que leur album sera enregistré et réalisé par deux figures importantes du milieu: Bruno Lamoureux (Les Marmottes Aplaties et L’Attack) et Nicotine (Le Nombre et ex-Caféïne).
Le compact frappe dans le mille. Comme je l’écrivais dans une récente critique: la formation a tout pigé des guitares hurlantes et de l’énergie du désespoir qui entrent en ligne de compte dans un bon rock rapide et agressif.
De surcroît, les textes sombres et subtils de Max contrastent avec l’habituel discours "party" de ses contemporains (le titre de l’album fait d’ailleurs un clin d’œil à l’écriture torturée d’Edgar Allan Poe). Lorsqu’on apprend avec surprise que la pièce La Bête discute de viol, on relit les paroles avec un tout autre point de vue et l’on comprend vite le deuxième niveau de la plume du compositeur, aussi magasinier pour l’OSM. "J’évite de pointer mes sujets du doigt. Même en lisant les paroles, les gens l’ignorent, mais Insomnie critique George Bush sans le nommer. Ça me permet d’aborder des thèmes sans tomber dans la banalité. Il n’y a rien de plus facile que d’attaquer Bush, mais le faire sans que l’auditeur le réalise représente un beau défi."
Notez que Nicotine et Karine Isabelle (Comme un homme libre) transformeront Les Psycho Riders en sextette lors de leur prochain concert au Campus avec Bionic et Jesus and the Headliners. Une autre preuve de l’estime acquise.
Le 27 janvier
Au Petit Café Campus
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