Jean-François Fortier : Orfèvre pop
Musique

Jean-François Fortier : Orfèvre pop

L’excellent Jean-François Fortier faisait paraître l’hiver dernier une petite merveille pop qu’il présente maintenant sur scène avec Monsieur Mono dans un excitant programme double.

La scène locale québécoise se porte on ne peut mieux, et l’année 2005 fut riche en albums jouissifs, fignolés, bricolés à mains nues, souvent en solitaire: les Monsieur Mono, Philippe B., Carl-Éric Hudon nagent dans le folk, le rock, le country et la chanson proprement faite. Mais lorsque l’on parle de pop, subtil mélange de tout cela, de variétés et d’expérimentations, on pense Beatles, Étienne Daho et… Jean-François Fortier.

Fortier sait mieux que quiconque en nos terres fabriquer de grandes chansons pop: "Quand tu dis que tu fais de la pop, au Québec, tu vois tout de suite que tu perds 75 % du monde, parce que pour eux, la pop, c’est Britney Spears. Alors que pour moi, pop, ça signifie faire un petit bijou qui dure maximum trois minutes, avec couplets, refrains et bridge. Faire de petites bombes efficaces. Pour moi, les maîtres, ce sont les Kinks et Crowded House."

En témoigne son second album, Variations sur le vide, riche, mélodieux, inventif, dont chacune des écoutes crée des surprises, comme pour un certain groupe anglais: "J’ai eu un coup de foudre pour les Beatles, ça m’a marqué, c’est clair, avant même que je tombe sur l’album blanc, cette bébitte-là. C’est ce qui m’a donné envie de faire de la musique. La première fois, c’était la compil rouge 1962-66, j’avais 10 ou 11 ans. Quelque chose s’est passé, une énergie, une connexion. Puis, ça a été l’album blanc, une encyclopédie de la musique du XXe siècle: t’as du rag, du heavy, de la pop. Ça a fait le fond de mon ambition musicale."

Pour enregistrer Variations sur le vide, Fortier s’est entouré d’amis et a confié la réalisation de son album à Éric "Monsieur Mono" Goulet, capitale collaboration: "On a été colocs au début des années 90. J’adore comment Éric fait son travail de réalisation, il saisit le côté pop que j’aime. Il faisait mon disque le jour et, le soir, il composait les chansons de Pleurer la mer morte. Pendant une pause, il a gossé sur le piano pour en sortir la chanson Tout autour." Ainsi se sont conçus deux magnifiques albums de chanson québécoise, simultanément, avec un souci du détail: "J’ai un côté rétro, soleil, joyeux, qui paraît moins dans cet album-là, qu’on a mis de côté pour avoir quelque chose de plus cohérent. J’ai mis un an à choisir l’ordre des chansons, afin qu’il s’écoute bien, qu’il y ait une continuité dans la tonalité qu’il faut savoir aussi briser, le rythme."

Deux soirs en février, Goulet et Fortier se partagent la scène du tout petit Studio-théâtre de la Place des Arts. Monsieur Mono fera la première partie de Fortier le 10 et le lendemain, ils inversent les rôles. Inutile de choisir entre la beauté abyssale de Pleurer la mer morte et la pop savoureuse de Variations sur le vide; pour une soirée, nous aurons les deux et nous en serons comblés.

Les 10 et 11 février
Au Studio-théâtre de la Place des Arts
Voir calendrier Chanson