Les Tireux d'roches : Jeux d'antan
Musique

Les Tireux d’roches : Jeux d’antan

Les Tireux d’roches ont élargi la famille. Désormais au nombre de six, ils donnent des ailes au trad avec leur troisième album, Roche, Papier, Ciseaux. Rencontre avec les deux piliers du band, Denis Massé et Dominik Lemieux.

Il y a belle lurette que les Tireux d’roches auraient pu sortir Roche, Papier, Ciseaux. Ils ont pourtant préféré attendre la fin de la folie des Fêtes avant de dévoiler leur plus récent matériel. Une fantaisie de marketing? Pas du tout. Ils désiraient marcher de pair avec leur conviction profonde, celle que le trad peut vivre en dehors des mois de décembre et de janvier. C’est donc à une période de l’année où le folklore commence à perdre des plumes que le band de Saint-Élie débarque avec 11 nouveaux titres aux arrangements soignés.

"Notre disque était prêt depuis le 15 décembre. Il est dans les boîtes, confirme Denis Massé. On a fait exprès, parce qu’on n’arrête pas de se plaindre que notre musique joue juste dans le temps des Fêtes. Au début, on allait sortir ça avant les Fêtes pour profiter de la manne, mais on a tiré sur la plogue. On s’est dit: "On va attendre que tout se passe, puis on va sortir notre affaire en février." On est pas mal fiers de notre coup. Sauf que là, on a hâte que ça sorte!"

LES AIMANTS

Denis Massé (voix, guitare, accordéon) et Dominik Lemieux (voix, guitare, bouzouki, banjo), de retour d’une séance de photos dans les ruelles de Shawinigan, affichent un air content. Le vent glacial n’a pas soufflé au loin la joie qui les habite. Blottis dans un café de la 5e Rue, les deux membres fondateurs des Tireux d’roches flottent. Tricoté modestement, Roche, Papier, Ciseaux crée plus de mailles qu’ils ne l’auraient cru. À quelques jours du lancement, le Lion d’or à Montréal s’annonce plein à craquer, même chose pour le Gambrinus à Trois-Rivières, où un second événement est organisé le lendemain. Cette réponse du public dépasse leurs espérances. "Souvent, quand tu lâches prise, c’est là que ça démarre!" s’exclame Denis Massé.

Les Tireux d’roches, depuis leur fondation en 1998, n’ont jamais eu besoin de lancer des tonnes de cailloux pour se faire remarquer. Ils enfilent les contrats sans trop se poser de questions. Ils ne forcent pas le destin. Le téléphone sonne toujours. Ces belles surprises sont engendrées tantôt par la force du bouche à oreille, tantôt par la magie d’une rencontre. La structure du groupe adopte cette même spontanéité. Mobile, elle varie selon les humeurs de la vie. Récemment, le band, qui a déjà compté Fred Pellerin parmi ses membres, a agrandi sa famille. Il est passé de trois à six musiciens. D’abord, le saxophoniste Jeannot Bournival, dont l’agenda débordait, a cédé sa place à Luc Murphy (Funkaphone). Il reste malgré tout dans les parages pour les projets spéciaux. C’est d’ailleurs lui qui a réalisé Roche, Papier, Ciseaux. Les autres nouveaux venus sont le violoncelliste Mario Giroux (Jocelyn Bérubé, David Greenberg), le percussionniste Francis Roberge (Louise Forestier, Catherine Major, Ipso Facto) et l’harmoniciste Pascal Veillette (Kamendja).

Étrangement, le changement de personnel n’a jamais inquiété le duo fondateur. "Nous, on s’en fait pas. On a un petit show à deux. Et on roule en masse. Il n’y a pas eu de période d’angoisse, ni quand Fred est parti, ni quand Jeannot est sorti. On s’est retrouvés à deux même pas un mois. Tout revient toujours. On fait ça vraiment pour le plaisir", admet Massé.

PLAISIRS IMMORTELS

En 2005, la formation a mis la pédale douce pour les spectacles. Elle s’est surtout consacrée à la production de son troisième album, Roche, Papier, Ciseaux. Des 21 chansons composées, 11, dont un conte de Gaston Miron, ont finalement été enregistrées chez Note Studio à Trois-Rivières. "Le disque d’avant, on avait fait ça dans un chalet. Pour celui-là, on voulait faire quelque chose de différent. On voulait aller en studio. Mais on ne se voyait pas aller à Montréal. Ça ne nous ressemblait pas", soutient Massé, habitué au rythme lent de la campagne.

Ce disque hétéroclite découle de six semaines de travail intensif. "Il y a beaucoup d’univers sur l’album. On ne reste pas campés dans quelque chose", soutient Dominik Lemieux en pensant aux pièces qui côtoient à la fois le trad, le folk et le jazz. "On pousse les limites tout le temps, poursuit Massé. C’est ça qui est intéressant. Puis, je trouve que c’est très nouveau comme son. Ce n’est peut-être pas objectif, mais je trouve qu’il y a plein de créativité là-dedans." Une créativité qui s’exprime dans le désir d’actualiser le trad. "On s’est aperçu que c’était moins d’ouvrage de composer que d’apprendre le répertoire de nos ancêtres. À un moment donné, on peut tomber aujourd’hui. Tous ces airs-là, on peut les composer au lieu de se référer à Jos Machin en 1920. On est en 2005. Je pense que c’est là qu’il faut amener les affaires en trad", clame Massé. Dominik Lemieux conclut: "Ça en prend pour garder le répertoire québécois traditionnel, comme pour Mozart ou Beethoven. Mais ça prend de la nouveauté aussi."

Les Tireux d’roches
Roche, Papier, Ciseaux
(Musique/Outside)
En magasin dès le 7 février

Le 8 février
Au Gambrinus
Voir calendrier World/Reggae