Carl-Éric Hudon : Force de frappe
Musique

Carl-Éric Hudon : Force de frappe

Carl-Éric Hudon, jeune prodige folk-rock, présente sur scène les chansons coups-de-poing de son premier album, Les tempêtes que l’on avale, en levée de rideau de Dany Placard.

Comme une grande claque à la figure, les premières chansons de Carl-Éric Hudon médusaient. En téléchargement sur son site officiel, son démo Quatre Chansons de tempête (2004) avait une force de frappe remarquable. Ça taillait à même la chair, un folk joué comme du rock, une énergie et un humour vache que ne renierait pas Miossec: "Et les rêves courent comme la fièvre dans ton sang / Si tu crois que le temps guérit, eh bien! rêve toujours!" chante Hudon sur Si t’as mal du premier amour.

Le ton est donné, la plume, maîtrisée et l’émotion, palpable. Des chansons à fleur de peau, crues, à hauteur d’homme. D’homme? Hudon n’a que 23 ans, étudie les arts plastiques à Concordia, avec la peinture pour domaine de prédilection: "Ce que je vais chercher en arts plastiques, c’est une méthode de travail, un questionnement. Dans la peinture, il y a un côté intemporel, pas de durée, contrairement à la musique qui, elle, te permet davantage de raconter une histoire. C’est ce qui m’intéresse: l’aspect narratif des choses."

Son démo s’est fait presque par hasard, par la force des choses: "Je participais aux soirées micro-ouvert, dans les bars. Tu te pointes avec ta guitare et tu chantes quelques chansons. C’était pour les Francouvertes, en 2003 ou 2004. Hélas, elles ont été annulées cette année-là et mon démo, fait pour l’occasion, a traîné sur mon bureau chez nous jusqu’à ce que je l’envoie à CISM, qui a fait monter trois de mes chansons sur son palmarès."

Hudon rencontre ensuite le groupe Maginot. La chimie opère entre eux, ils décident d’enregistrer un album: "On a contacté des réalisateurs, c’était vraiment trop cher pour nos moyens. Puis, un de nos amis communs qui venait d’avoir un héritage a décidé de l’investir dans un studio. On a monté notre propre studio [Fruit] grâce à lui et cet été, j’ai enregistré avec Maginot le CD." Ça s’appelle Les tempêtes que l’on avale, et on se prend encore une sévère claque à l’écouter et à le repasser. Écouter Hudon, c’est s’étonner qu’une telle force d’écriture puisse naître si tôt. Mélodies chaloupées, textes d’un amoureux qui s’efforce ne pas être transi, de peur d’en souffrir encore. La sensibilité, l’acuité du regard. Hargne sourde, contemplation. De toute beauté.

Au Quai des brumes, Hudon est en levée de rideau de Dany Placard (membre du groupe Plywood 3/4). Ils ne se sont pas encore rencontrés, mais s’admirent déjà: "J’ai acheté le CD de Dany récemment, j’ai tripé, c’est super bon. Ça fait un boutte que j’aime ce qu’il fait, déjà dans le temps du premier Plywood 3/4." Un spectacle qui laisse place à l’improvisation, aux idées de dernière minute: "Je pense que nous allons faire quelque chose ensemble, mais je ne sais pas encore quoi. Dany doit avoir une idée!" Que le folk les unisse!

Le 9 février
Au Quai des brumes
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