Controller.Controller : Prise de contrôle
Controller.Controller, avec à son bord cinq têtes fortes qui ont le sens de la provocation, quitte sa base de Toronto pour propager son rock sexy et allumé.
Automne 2002. Une déferlante de jeunes groupes forge le son post-punk qui restera fortement associé à New York; un rock exalté et dansant, un tantinet agressif, teinté de funk et de new wave, tel que servi par The Rapture et Radio 4. Au même moment, du côté de Toronto, Ronnie Moris, un musicien lassé d’œuvrer au sein de différentes formations sans que cela ne mène jamais nulle part, force le destin et place des annonces dans les journaux afin de recruter des acolytes avec qui il pourrait former un groupe qui s’inscrirait dans cette mouvance musicale. Se greffent d’abord un guitariste et un batteur, puis un autre guitariste. Le tableau est complet quand la chanteuse Nirmala Basnayake embarque dans l’aventure quelques mois plus tard. Cette amie du groupe n’avait peut-être jamais pris part à un projet musical, mais elle s’est aussitôt montrée capable d’une fougue et d’un aplomb qu’on dit dignes de Debbie Harry.
Deux ans plus tard, après quelques concerts enflammés, Controller.Controller ne tarde pas à devenir une des sensations locales les plus en vue et fait paraître un premier EP, History, sur Paper Bag (petite étiquette indépendante sur laquelle les carrières de Broken Social Scene et de Stars ont connu leur essor). Si le groupe accusait alors un tout léger retard par rapport au moment où cette vague "disco-punk" connaissait le summum de sa vigueur, son arrivée dans le monde de la musique indépendante canadienne, alors particulièrement bouillonnante, tombait à point. "C’est une question de cycles, les scènes musicales de différentes villes ou de différents pays connaissent toutes à un moment ou à un autre leur heure de gloire", soutient le guitariste Colwyn Llewellyn. "Je ne crois pas qu’il se fasse de la meilleure musique au Canada depuis quelques années, mais les gens ont davantage conscience de ce qui s’y fait et y portent un intérêt accru. Nous nous sommes trouvés au bon endroit au bon moment."
Pour son premier album paru le 18 octobre dernier (X-Amounts), le groupe est en nomination aux Independent Music Awards, qui seront décernés le 1er mars. Il est en lice comme groupe favori, aux côtés de Death from Above 1979, Metric, The Constantines et Stars. "C’est un bel honneur, et puis ce genre de prix permet surtout d’obtenir l’attention d’un public qui ne nous aurait jamais connus autrement", se réjouit-il.
Bien qu’au départ, le projet fut lancé par un seul homme, un esprit d’étroite collaboration s’est vite installé. Chaque membre propose ses idées pour ses lignes instrumentales, et quand une chanson commence à s’ébaucher, la chanteuse y ajoute ses paroles. "Nous possédons assez de champs d’intérêt similaires pour pouvoir collaborer ensemble, mais chacun a ses expériences et ses influences distinctes, qu’il peut mettre à profit dans la composition." C’est ensuite sur scène qu’ils expérimentent et affinent les nouvelles pièces, en laissant une grande place à l’improvisation. Leur mot d’ordre: repousser les limites de la création afin de toujours se surprendre eux-mêmes et, pourvu qu’ils tiennent parole, de surprendre le public.
Le 14 février
Chez Dagobert
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