Ghislain Poirier : Pour mieux rebondir sur la piste de danse
Musique

Ghislain Poirier : Pour mieux rebondir sur la piste de danse

Le DJ Ghislain Poirier travaille beaucoup, beaucoup trop, mais ce n’est pas pour déplaire à ses fans. Le musicien vient lancer son nouvel album de remix à Québec.

Son cri de ralliement sonne comme un appel universel à sauter sur la piste de danse et à se déhancher sans retenue: "Bounce le gros", allez, fais rebondir ce corps mon ami… Avec son beat crunk qui mélange hip-hop et électro, Ghislain Poirier débarque à Québec pour nous offrir son premier set de DJ dans la Vieille Capitale, dans une soirée où on pourra entendre, outre ses sélections musicales, ses récentes créations, issues de Bounce le Remix, un brillant album où sont remixés les Dizzee Rascal, M.I.A. et Vanilla Ice, entre autres, et qui a fait sensation parmi les critiques et mélomanes.

Le DJ de Montréal travaille beaucoup, beaucoup trop: "Je me demande comment j’ai fait pour ne pas faire un burn-out, particulièrement cet automne", nous confie-t-il en faisant référence à la période à laquelle il lançait son album Breakupdown sur le label américain Chocolate Industries. La cadence ne semble pourtant pas sur le point de se calmer. En effet, dans un marché hip-hop restreint comme celui du Québec, Ghislain Poirier aime se comparer à la production mondiale. Il multiplie les collaborations, les veilles musicales ainsi que les approches: "J’ai changé d’approche avec le temps, j’ai appris à évoluer et à mieux définir mes goûts musicaux. C’est même un peu ma définition du terme underground: la liberté de création, comme celle de changer de direction dans ma musique. On peut faire confiance au public, quoi qu’il arrive. Il peut suivre."

Et le public apprécie, alors que des diffuseurs comme Bande à part ont concédé à Poirier un rôle de défricheur: "Je me considère comme une courroie de transmission. Au Québec, en plus de créer dans le milieu du hip-hop, tu dois jouer aussi un rôle d’éducateur. Provoquer gentiment si tu veux, jeter de petits électrochocs…" C’est une mission vouée à la découverte qu’entretient Ghislain Poirier, pour les autres, mais aussi, évidemment, pour lui-même. Ses sets de DJ et ses créations musicales sont en effet d’une diversité et d’un éclectisme réjouissants.

L’oiseau de nuit consacre pourtant la plupart de son temps aux à-côtés: "Je dois accorder 40 %, voire 20 % ces jours-ci, de mon temps à la création pure. Le reste du temps, je fais tout pour que ces créations puissent exister en dehors de mon sous-sol." Ce sous-sol, mélange de mythe et de franche réalité, est d’un désordre absolu, qui, semble-t-il, favorise les traits crunk de la musique de Ghislain Poirier (selon une journaliste du NME, crunk serait un mot yiddish, dérivé de l’allemand krank, "malade"): "Il faut que ça vive. Le désordre, c’est ça. La vie n’a pas qu’une ligne directrice, la musique non plus." Et avec tout ce remue-ménage nocturne, peut-on connaître une vie normale? "Non, en fait, j’aimerais connaître ce qu’est un matin…" nous livre-t-il à la blague.

En attendant de sortir un EP en mars, Rebondir, le musicien exécutera une légère tournée européenne, une occasion de renouer ses liens de scène avec TTC, ingénieux groupe rap français. Ghislain Poirier, ça s’écoute les yeux fermés, le pied dansant.

Le 11 février à 22 h
Chez Rouje
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