Jérôme Minière : Travail à la chaîne
Musique

Jérôme Minière : Travail à la chaîne

Jérôme Minière ouvre pour la première fois à Trois-Rivières la porte de l’univers d’Herri Kopter, drôle de pdg d’une entreprise qui vend de l’imaginaire.

Jérôme Minière, qui lançait en novembre dernier un double album live enregistré au Grand Théâtre de Québec, tend tranquillement à se faire plus discret. De plus en plus, il espace les concerts pour se concentrer sur l’écriture.

S’il prévoit réapparaître avec du nouveau matériel dans seulement un an, le père de famille – son poupon signale habillement sa présence au bout du fil – ne demeurera pas silencieux pendant toute cette période pour autant. Il laissera entre autres parler sa musique sur le prochain disque de Michel Faubert, conteur avec qui il a déjà réalisé une série de spectacles. C’est d’ailleurs avec le vieux routier qu’il a appris les rouages de l’instantané. "Pour la scène, vu que je suis aussi assez timide, j’avais tendance à me jeter un peu dans le vide, à vouloir y aller sans filet. Ça m’a appris que sur la scène, oui, il y a un élément qui est comme ça, mais il y a aussi une façon de se préparer pour ne pas tomber sur le nez trop violemment. Moi, ce que ça faisait, c’est que mes spectacles étaient très irréguliers. J’avais du mal à établir une moyenne. Maintenant, je pense qu’elle est un peu plus présente, cette moyenne-là", déclare Minière en riant.

Véritable orfèvre, l’ancien étudiant en cinéma qui flirte avec l’électro peaufine toujours ses réalisations jusqu’à ce qu’elles aient le fini désiré. Ainsi, le live lui donne-t-il parfois quelques vertiges? "Dans la préparation, c’est vrai que je suis un peu pointilleux. Par contre, après, sur la scène, c’est un moment, donc c’est très différent. J’ai eu juste ce sentiment-là quand on a préparé le disque en concert. Parce que là, ça a beau être un moment, après, si c’est un disque, les gens peuvent l’écouter 200 fois. Oui, là, je deviens plus exigeant. Mais, sinon, pour ce qui est du moment lui-même, je trouve ça normal que ce soit imparfait et qu’il y ait des surprises. Et c’est ça qui est la beauté du spectacle en fait."

Lors de son passage à Trois-Rivières en trio, Jérôme Minière invitera le public à pénétrer dans le monde d’Herri Kopter, son alter ego spécialisé dans la vente de produits imaginaires, où il dénonce la société de consommation. "Jusque-là, c’était une forme de thérapie pour moi. Ça m’a un petit peu soulagé… pour quelque temps. Je pense que, comme dans les philosophies orientales, il y a du yin et du yang. Il y a des choses qui vont dans un sens et dans l’autre. Je reste convaincu qu’il y a des changements progressifs qui arrivent. Bon, je ne crois pas non plus à une grande utopie, à des lendemains avec des petits oiseaux. Je vois quand même des indices autour de moi qui me prouvent que les gens, des fois, en ont un petit peu marre de tout ça. Je pense peut-être que le plus compliqué là-dedans, c’est de nous démêler nous-mêmes dans ces fils-là, parce que ça nous met nous-mêmes dans des situations contradictoires. Je pense par exemple à l’environnement. On a tous maintenant plus ou moins des idées sur l’environnement. Par contre, si ça intervient dans notre vie quotidienne ou notre confort, on s’aperçoit que ça devient un peu plus complexe", explique Minière, qui songe à faire prendre des vacances au personnage de Kopter pour le prochain album, qui devrait s’orienter davantage vers la poésie.

Le 11 février à 21 h
Au Gambrinus
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