Mathieu Lavoie : Électron libre
Musique

Mathieu Lavoie : Électron libre

Mathieu Lavoie sortait récemment le très bel album électro-pop Avaler le vent au groove hypnotisant, aux riches tissus sonores, entre urbanité et étrangeté. Envoûtantes chansons.

Malgré ses dix ans de carrière, Mathieu Lavoie a la gueule et la voix juvéniles, on lui donnerait à peine 20 ans, du moins d’après les photos de son album, un premier CD décliné, visuellement, sur le mode de l’urbanité, du trompe-l’œil, de la vitesse et de la sérénité. Bel objet, déjà. Et ses chansons accrochent immédiatement l’auditeur dans un tourbillon sonore tantôt lounge, tantôt jazz. De l’électro-pop de grande qualité, qu’on devrait un jour retrouver sur les compils Café Méliès.

Mais avant de parvenir au riche Avaler le vent, Mathieu Lavoie a fait ses classes, d’abord au Festival de la chanson de Granby en 95: "J’y allais par plaisir, pour l’expérience de scène, et finalement j’ai gagné dans la catégorie Interprète. Quelques mois plus tard, le Cirque du Soleil m’appelait pour une audition pour Quidam. Ils cherchaient des chanteurs ténor disponibles pour partir en tournée." Lavoie fait ses valises et devient chanteur sur les spectacles de Quidam et Varekaï. Des centaines de représentations et près d’une décennie plus tard, il prend congé, pour se consacrer à ses projets personnels. De son expérience au Cirque du Soleil, il rapporte un bagage musical important: "Beaucoup de musiques du monde, d’influences du monde autour des voix. Je chantais en langage inventé, des trucs empruntés aux chants maures, chants arabes du sud de la France, chants corses, tibétains, africains. Au cégep, je m’intéressais déjà à cela, j’essayais de les intégrer à des choses plus contemporaines, de me les approprier."

À l’écoute d’Avaler le vent, on perçoit une certaine sensibilité européenne, un style électro-lounge cher à Bertrand Burgalat et son label Tricatel, le côté kitsch et nonchalant en moins. Au contraire. Lavoie ne se comporte pas en dilettante, mais en vrai pro, avec une voix juste et précise. Une voix qu’il maîtrise parfaitement, belle et subtile, un grain qui sied à merveille à ses paroles rêveuses, ses mots vaporeux, un climat de lévitation: "J’ai essayé d’être singulier, de me rapprocher des textes, après avoir passé six ans avec le Cirque dans un travail axé sur le déploiement de la voix. Je voulais pour mon disque retourner aux choses que j’aime, peut-être un peu plus avant-gardistes, près de l’indie-rock et de l’indie-pop de Londres. Essayer de montrer des influences mais sans sentir trop de complexité dans l’approche. Que ce soit assez accessible aussi, je ne veux pas faire de la musique contemporienne", blague-t-il au bout du fil.

Au-delà des collaborateurs prestigieux (Louise Forestier, Libert Subirana, Marc Larochelle), des musiciens enflammés (Miguel Zamarrippa aux percussions) et de la réalisation soignée à la perfection de Francis Beaulieu, Avaler le vent témoigne d’un style et d’une voix propres à Mathieu Lavoie, maître d’œuvre du projet, électron libre, avec ses chansons qui scintillent sur le bitume comme des lumières de boîte de nuit.

Les 16 février et 3 mars
Au Studio-théâtre de la PDA