Misstress Barbara : La belle et le beat
Musique

Misstress Barbara : La belle et le beat

Imprévisible, Misstress Barbara convie l’auditeur à un dépaysement sonore sur son dernier compact qui délaisse les salves de techno hard percussive pour de l’électro hautement groovy et toujours aussi dansable. Prêts à la suivre?

Pour certains artistes, un virage sonore représente une volonté de sortir des sentiers battus et d’étonner son public (pensez aux Men Without Hats vers la fin des années 80) tandis que pour d’autres, il s’agit d’une simple nécessité afin de suivre le courant. C’est le cas de Misstress Barbara (alias Barbara Brown lors de ses escapades house) et de son sixième compact Come With Me…, album charnière où elle continue de juxtaposer les morceaux avec la même aisance déconcertante, tout en variant les BPM et les textures sonores.

Avec la baisse spectaculaire de productions techno au cours des dernières années, la gracile D.J. montréalaise d’origine sicilienne s’est retrouvée dans un cul-de-sac artistique. "Les choses et les gens changent. La musique évolue aussi mais on a tendance à s’attacher au passé. Je suis consciente que beaucoup de gens seront surpris mais ça ne me tentait pas de sortir un nouveau compact avec des tracks vieilles de quatre ans, et je ne crois pas qu’un label m’aurait mise sous contrat avec ce genre de musique. T’as le choix entre devenir une artiste qui n’évolue pas et qui est critiquée par tout le monde ou devenir une artiste qui décide d’évoluer et qui est critiquée parce qu’elle évolue!" poursuit la bouillante Barbara.

Intéressée à produire un troisième volume des Relentless Beats sur son propre label (Iturnem) il y a deux ans à la suite de la dissolution de Moonshine (la célèbre étiquette qui l’avait prise sous son aile pour les deux premiers de la série), la jeune femme a modifié ses plans et le projet finit par avorter. "J’avais déjà du mal à regrouper des disques que j’aime pour parvenir à produire un mix décent. L’évolution que l’on connaît maintenant prenait alors forme", raconte-t-elle après un long moment d’hésitation.

Avec un pied-à-terre à Paris depuis presque un an, elle fit la connaissance d’acteurs de la scène européenne puis, éventuellement, des bonzes de l’étiquette Uncivilized World qui souhaitaient prendre de l’expansion et ouvrir un bureau au pays de Bush. "Aucun label n’aurait gaspillé de l’argent sur quelqu’un qui avait simplement le goût de se lancer dans quelque chose de différent. Il fallait des preuves concrètes que ça allait marcher. Si on place un mix gratuit sur son site Web, ça, c’est une tentative de changement mais pas un CD complet", raconte avec dynamisme la D.J. à la forte personnalité.

Animée, la Djette (comme disent les Français) connue mondialement pour ses mix torrides célèbre cette année ses dix ans de carrière et dévoile son corps et son visage pour la première fois sur la pochette de Come With Me… "Puisque le changement est notable, je désirais produire un impact maximum et je n’étais pas convaincue qu’une paire de talons hauts feraient l’affaire! J’ai voulu regarder les gens droit dans les yeux et leur dire: Soyez ouverts et prenez le temps d’écouter parce que cette musique est bonne en "esti" sans pour autant être hard!" précise la Miss du Stress, maintenant âgée de 31 ans.

Habituée du Stereo, l’hyperactive dame continuera de spinner et de faire bouger les masses à travers la planète puisqu’une méga-tournée se profile pour les prochains mois. Mais quel est donc le secret de son succès? "Je connais beaucoup de D.J. appréciés du public mais qui sont paresseux, alors que moi je travaille du matin au soir. Même si je n’ai pas le temps de lire ni de sortir, je bouge tout le temps!" Bouillante, on vous disait.

Misstress Barbara
Come With Me
Uncivilized World / Koch