Murray Head : Cordes sensibles
Murray Head peut sembler l’homme d’un seul hit, Say It Ain’t So. Mais la compilation Emotions vient donner l’heure juste sur une carrière de 30 ans partagée entre la chanson et le cinéma.
Cette rétrospective permet à Murray Head de poser un regard, souvent étonné, sur une production de 16 albums et de donner un sens à plus de 30 ans de création: "Les gens ont de moins en moins connaissance de ce que j’ai fait, surtout plus récemment en France. Dernièrement, j’ai eu la chance de réinterpréter Never Even Thought. C’était pour accompagner une publicité de Manpower, un organisme qui travaille à redonner de l’espoir aux gens. J’ai réécouté cette chanson ainsi que d’autres avec une oreille neuve. Chaque chose a une mémoire. Chaque mot fait partie d’une vie. J’ai été surpris par la vivacité des instruments enregistrés dans le passé."
Emotions regroupe plusieurs grands succès. C’est Paul Samwell-Smith, ex-bassiste du groupe-culte The Yardbirds et producteur émérite, qui a donné un premier coup de pouce à Murray Head en 1975. Nous retrouvons sur certaines pièces la présence de musiciens-clés de la scène rock britannique comme le guitariste Jeff Beck et le bassiste Pat Donaldson. En 1981, le chanteur rendait hommage à John Lennon en offrant sa propre version d’I’m Losing You: "J’étais à Londres. J’ai appris la nouvelle de sa mort à 2 ou 3 heures du matin. J’ai fondu en larmes. Une époque venait de se terminer." Emotions regroupe aussi deux succès de l’époque où il a vécu à Montréal et travaillé avec Jean Millaire, You Are et Comme des enfants qui pleurent.
Le public découvrira avec bonheur trois chansons nouvelles ou inédites: Will Y ou Still Love Me Tomorrow, de Carole King, une composition toute récente, Make It Easy, interprétée en français et en anglais avec sa fille, Sophie Head, et une très belle chanson d’inspiration irlandaise, Fair and Tender Maidens, l’adaptation d’un chant celte qui permettait aux espions irlandais de communiquer à leurs compatriotes les mouvements d’invasion des troupes anglaises: "La chanson de Carole King, c’est le zénith de la composition en musique pop. Elle parle de la fragilité de l’être humain. Fair and Tender Maidens, ce sont mes racines. J’adore le pentatonique. La cornemuse me fait pleurer. Make It Easy, au départ, c’était deux générations qui utilisaient les mêmes paroles. C’est devenu une chanson sur les relations père-fille."
Murray Head a touché de près à la comédie musicale (Hair, Jesus-Christ Superstar, Sunday, Bloody Sunday, One Night in Bangkok) et travaillé étroitement avec plusieurs créateurs du cinéma français: Diane Kurys, Édouard Molinaro, Fabrice Luchini. "La période 65-68 fut la plus intense. Hair, ce fut l’apothéose de cette époque. Au cinéma, t’es forcé de travailler l’aspect communication de toutes sortes de manières. De livrer les choses le plus simplement du monde. La France m’a fait découvrir la liberté. J’ai travaillé trois ans sur un projet concernant George Sand et Alfred de Musset. J’ai toujours évité la sensiblerie. Mais la lecture des Confessions d’un enfant du siècle m’a ébloui. Le romantisme est violent. C’est la génération suivante qui l’a reconstruit et idéalisé." Murray Head se présente au Club Soda accompagné de quatre musiciens dont le fidèle complice Geoffrey Richardson, violoniste du groupe mythique Caravan et véritable poly-instrumentiste, Jean Millaire (guitares), Christian Morissette (batterie) et sa fille, qui amorce déjà une belle carrière, Sophie Head.
Le 14 février
Au Club Soda
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