Animal Collective : D’instinct
Quand Animal Collective est né, ses membres n’avaient nulle autre intention que de "repousser les limites de la musique pop et la faire évoluer dans de nouvelles directions". Une mission qu’ils ne cessent de poursuivre.
Transe-folk, freak-folk, noise-rock, pop expérimentale, psychédélique… nombreux et variés sont les termes qu’on a appliqués à l’univers d’Animal Collective depuis sa formation en 2000. Au départ, duo (Avey Tare et Panda Bear) et maintenant bête à quatre têtes (avec Deaken et Geologist), le groupe, dont les influences paraissent visiblement très éclatées, se dérobe à toute catégorisation simpliste: "On ne s’est jamais posé la question à savoir quel genre de musique on faisait", admet le chanteur et guitariste Avey Tare.
Sur scène, comme par leurs disques, ils happent le spectateur ou l’auditeur dans une étrange bulle d’onirisme. Cela inquiète ou conforte, mais ne laisse jamais indifférent. On peut rester perplexe aux premières écoutes de ces airs qui oscillent entre cacophonie et douceur, entre rigueur mélodique et déconstruction et entre rythmique fébrile et ambiance engourdissante. Sur Feels, paru l’automne dernier, de grandes envolées romantiques, hautement harmonieuses, font place à des moments plus angoissants, voire irritants. Au-delà du choc initial, on se laissera aisément séduire par la richesse de ce monde magique et mystérieux. Comme si, après avoir été subitement plongés dans le noir, nos yeux apprivoisaient peu à peu l’obscurité.
S’étant croisés au début des années 90 alors qu’ils fréquentaient la même école secondaire du Maryland, les quatre jeunes hommes s’installaient à New York quelques années plus tard, d’où ils mènent encore leurs activités. Et bien que le groupe suscite un intérêt sans cesse grandissant, la musique demeure pour eux davantage une affaire d’amitié qu’une entreprise artistique: "Oui, c’est vrai, nous n’avions jamais vraiment imaginé gagner notre vie comme ça, mais nous nous considérons encore comme des amis, non comme des collègues."
C’est donc entre des parties de soccer, de jeux vidéo ou des sorties au cinéma que s’ébauche le son d’Animal Collective. "Il s’agit d’une étrange collaboration, avoue le musicien. Noah (Panda Bear) et moi écrivons la plupart des paroles et des structures mélodiques. Nous proposons ensuite ces "squelettes" aux deux autres et tous ensemble, avec nos instruments, nous déconnons jusqu’à ce que ça prenne une forme à laquelle nous devenons tous addict et que nous avons envie de jouer encore et encore."
Si l’improvisation et le geste spontané priment au moment de la création, ils ont également le beau rôle quand vient le temps de grimper sur scène. Chaque soir, la bande établit l’ordre des chansons, mais reste ouverte à tout changement de programme et à toute expérimentation: "On ne veut pas faire comme si tout était sous contrôle, comme les groupes qui prévoient tout du début à la fin, on veut toujours se garder une part de risque. Ce qu’il y a d’excitant avec les spectacles, c’est justement de ne pas savoir quelle tournure l’expérience va prendre."
Le 22 février
À La Tulipe
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