Catherine Durand : Sur la route
Catherine Durand créait la surprise l’an dernier avec une splendeur folk-country, Diaporama. Elle amorce une tournée québécoise qui s’annonce ensoleillée et douce, comme elle.
Le soleil, chez Catherine Durand, est à chercher dans ses yeux, d’un vert terreux, et dans la chaleur calme, douce, qui enveloppe ses chansons. Il fait bon se lover dans cet univers où la chanteuse vous murmure à l’oreille de jolies choses, sans hausser le ton. De sa seule guitare, elle enchante. On l’avait rencontrée pour le spectacle Toutes les filles, qu’elle continue de donner en compagnie, le plus souvent, de Mara Tremblay et de Ginette, auxquelles se greffent des invitées d’un soir, dont Marie-Annick Lépine des Cowboys fringants. Le concept se veut improvisé, casse-gueule, Catherine craignait de ne pas être à la hauteur. Elle avait tort. Elle s’est fort bien intégrée aux autres filles, et elle s’éclate avec elles: "Ces spectacles m’ont tellement fait évoluer. Ça m’a donné un coup de pied au cul pour me faire comprendre que j’étais capable. Dans nos carrières personnelles, on est toujours solitaires. Mais d’être sur scène pendant qu’une autre artiste chante, de participer à sa bulle, c’est nourrissant, comme artiste et comme musicienne aussi."
Visiblement, la tournée Toutes les filles a marqué Catherine, et c’est avec un enthousiasme débordant qu’elle en parle: "Au début, la tournée des filles, il y avait du stress, mais là, il n’y en a plus. J’ai fait presque 20 shows avec elles. Ça va bien, on se connaît. Les univers de Mara, Ginette et moi sont vraiment connexes: le folk-country. Pour le prochain album, c’est sûr que j’aimerais qu’il y ait des collaborations avec elles. Mara a mis du violon dans plusieurs de mes chansons, Souvenir de toi, Diaporama, ça "fite" bien. Marie-Annick et Ginette viendraient jouer de la mandoline et de l’accordéon. Il n’y a rien comme avoir l’apport d’un autre auteur-compositeur-interprète, qui a une autre vision. Ça ne peut qu’être bénéfique." Un soir, sur cette tournée, il y eut une invitée toute spéciale, Diane Tell: "Personne ne joue de la guitare comme elle, et avoir la couleur Diane Tell sur mes chansons, c’est le fun. En plus, elle était drôle!"
TROIS DISQUES, UN JOYAU
Mais juste avant ces soirées de filles, pour que Catherine prenne conscience de sa valeur et accouche d’un superbe troisième album (Diaporama), il lui a fallu que son ancienne maison de disques, Warner, la mette à la porte: "Les deux premiers albums ont été faits avec Iain McNally, un guitariste torontois très talentueux, mais qui avait un son plus canadian rock. Les arrangements étaient plus pop." Un son qui ne lui convient pas tout à fait: "J’avais besoin de cette rupture avec Warner, ça m’a permis une plus grande liberté pour enregistrer Diaporama. Personne ne m’a prise en main, j’ai recherché le financement, choisi l’équipe, les chansons, simplement parce que je les aime. Sans me demander si j’avais un single ou non." Et elle a trouvé un bon maître d’œuvre pour la soutenir dans la réalisation de Diaporama: "Je voulais me rapprocher d’un son plus country-folk. Je voulais une coupure, changer d’environnement sonore. Je suis allée chercher un réalisateur qui m’a toujours impressionnée: Michel Pépin, qui a travaillé entre autres sur le premier disque de Mario Peluso, qui fait de la très bonne musique folk."
Le résultat est fabuleux. Un folk délicat, métissé de country sincère, des chansons de campagne, de terre. Des chansons de nuit, quand le silence s’étend sur la ville. Alors on met le dernier Durand, le sourire vient tout seul: "Ça s’écoute bien aussi sur la route ou le matin, je trouve que ça réveille bien. Ce n’est pas un album agressant. On m’avait toujours dit qu’il devait y avoir des chansons up tempo sur un disque. Fuck off, ce n’est pas obligatoire. Un de mes albums préférés de Everething but the Girl, il est super smooth du début à la fin. J’adore quand ça te met dans un mood particulier. C’est sûr que c’est le fun, les singles radio, ça donne un aperçu de ton album, mais ce n’est pas la seule façon de rejoindre le public. La tournée des filles en est une: je fais quatre chansons, et les gens me découvrent, achètent mon disque après le spectacle, j’en ai vendu plein grâce à cette tournée."
SCÈNE DE FILLES
On sent que la chanteuse, mi-trentenaire, s’épanouit sur scène, que brûler les planches est pour elle un besoin et une souffrance: "Sur scène, tu as le côté nervosité, tu te demandes, cinq minutes avant de commencer, pourquoi tu fais cette job-là! Pour moi, c’est vraiment stressant. Mais la réaction est immédiate, tu communiques avec le public, il y a une énergie, une communion entre un artiste, des musiciens et une salle. Cette énergie-là, tu ne peux jamais l’avoir en studio. Le studio, c’est plus introspectif, petite gang, pas de bruit. J’aime ça aussi, ça te permet d’essayer plein d’affaires, d’expérimenter."
Catherine aime aussi s’aventurer dans le répertoire des autres, donner un coup de main aux interprètes en manque d’auteurs, comme Isabelle Boulay, Andrée Watters, et surtout la plus touchante des académiciennes: "Depuis que Diaporama est sorti, je n’ai pas beaucoup écrit. Je commence à avoir des commandes pour d’autres. Sur le disque de Stéphanie Lapointe, j’ai écrit quatre tounes. J’aime beaucoup son album. C’est Francis Collard qui l’a réalisé. Joseph Marchand, le guitariste d’Ariane Moffatt, y joue. Ils ont vraiment pris le temps de trouver un son propre à Stéphanie. Elle s’est mêlée de tout. Elle a parlé à son équipe des auteurs qu’elle voulait, mon nom est sorti." Et quel beau mariage, il faut entendre Stéphanie susurrer les chansons de Catherine.
Avec Diaporama, Catherine Durand a remisé les up tempo pour laisser place aux grandes émotions, subtiles. Et parions que ses spectacles, qu’ils soient en duo, en groupe ou avec les artistes de Toutes les filles, donneront envie aux spectateurs de la suivre sur la route, en espérant un prochain album au plus tôt.
Le 22 février à 20 h
Au Théâtre Petit Champlain
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