Christophe Mali : Seul au piano
Musique

Christophe Mali : Seul au piano

Christophe Mali prend une pause de son groupe Tryo pour se lancer dans une tournée et un album solo des plus prometteurs. Petite entrevue téléphonique avant son arrivée à Montréal.

Christophe Mali est un homme difficile à joindre, occupé à sillonner la France pour donner des concerts solo, avec un piano pour tout support. Grâce à France Télécom, on a réussi à lui voler un petit dix minutes dimanche matin, in extremis, avant même que son premier CD, Je vous emmène (dans les bacs français le 20 mars), ne soit parvenu à nos oreilles. Difficile de juger d’un album sur une seule chanson (jolie et brassensienne Le Premier Amour) ou un extrait d’une autre, enivrante Kerling Square. Mais Mali inspire confiance, puisqu’il a signé une des plus belles chansons du dernier Olivia Ruiz (Cabaret blanc) et une autre pour Jean Guidoni. Sans oublier Tryo, son groupe. Bon pedigree.

"J’ai commencé la tournée il y a trois semaines, je suis parti sur les routes de France, mais j’avais déjà fait une quarantaine de dates l’année dernière. J’ai eu l’occasion de faire la première partie de Bénabar au Festival d’été de Québec avec mon projet solo." Est-ce la fin de Tryo? "Pas du tout. On ne fait qu’une pause. Pendant dix ans, avec Tryo, c’était un rythme effréné, et là on avait envie de faire des choses plus personnelles."

"Mon instrument pour composer, c’était au départ le piano. J’ai appris à jouer de la guitare avec Tryo. Puis, il y a un an et demi, j’ai repris le piano et j’ai retrouvé la manière de composer que j’avais mise de côté avec Tryo. Les nouvelles chansons sont arrivées comme ça et j’ai commencé à les chanter dans un bar à Paris. Et l’idée de faire un album plus intime est venue naturellement. Des chansons d’amour, mais aussi des morceaux très tranchants, dont un sur la condition des femmes musulmanes (Rose des sables) ou un pamphlet écologique (On s’en fout)", raconte Christophe entre deux fritures de cellulaire.

Si, pour ses concerts, Mali officie seul au piano ("Mais ce n’est pas chiant!" ironise-t-il), son CD Je vous emmène risque de fourmiller de mille richesses musicales: "J’ai écrit un titre pour le dernier Jean Guidoni, dont le disque a été réalisé par Edith Fambuena (Bashung, Daho, Pauline Croze)." Mali a rencontré Fambuena (ex-membre des Valentins) et lui a confié la réalisation de tout l’album: "Au-delà d’être une réalisatrice et une productrice, Edith est une musicienne exceptionnelle. Sur le disque, il y a des morceaux aussi bien avec de grandes fanfares qu’avec des programmations électroniques. Des samples. Des choses très variées."

Mais sur scène, Christophe Mali a opté pour le piano-voix afin de présenter "la genèse de ses morceaux, le plus nu possible". Des émotions déshabillées, la pudeur nichée dans sa voix veloutée. Soudain, à imaginer cet homme chanter, on entend les paroles qu’il a écrites pour Olivia Ruiz: "Je sais que tu es dans la salle / Tu ne manquerais pour rien au monde / Ta petite princesse de bal / Comme elles sont lourdes ces secondes". Fine plume, il saura sans doute alléger les heures, au moins le temps d’un tour de chant.

Le 18 février
À la Cinquième salle de la Place des Arts
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