Daniel Lanois : Sans étiquette
L’éclectique Daniel Lanois, entre quelques dates chez nos voisins du Sud et une visite en terres scandinaves, prend le soin d’inclure la capitale à son itinéraire chargé.
L’été dernier paraissait Belladonna, superbe galette instrumentale et expérimentale de l’énigmatique vétéran hullois d’origine. Rappelant les créations de ses lointaines années auprès du compositeur Brian Eno, quoique de tendance moins atmosphérique et plus mélodique, l’album a conquis la vaste majorité des critiques et de son fidèle bassin d’audiophiles, en plus d’être mis en nomination pour deux Grammy. Un tel projet était pourtant bien risqué. "C’était un coup de dé commercialement. Les journaux, les radios, la télévision sont tous plutôt braqués sur les gens qui dansent et qui chantent. C’était ma façon de dire: "Voici quelque chose de beau. C’est parmi les choses que je fais le mieux. Le laboratoire a été mon territoire sacré depuis longtemps et j’aimerais vous offrir ces quelques pièces." C’est bien de pouvoir remplir les souliers de Miles Davis pour un instant", admet un Daniel Lanois ouvertement confiant et accompli.
Ce succès pourtant presque improbable, Lanois l’attribue à une certaine ouverture du public, qu’il estime beaucoup. "Aujourd’hui, je crois que les gens sont très brillants et éduqués. La variété fait partie des mœurs. Malheureusement, les médias ont tendance à ne pas être d’accord. Les médias aiment les compartiments et ils inventent des catégories et des démarcations. Alors, on n’a plus autant de surprises qu’on le voudrait", explique l’artiste, un peu critique par rapport au système médiatique qui tend à uniformiser la musique accessible. "J’aime la variété et je l’encourage à ma façon. Les mélanges sont sains. On le fait avec la nourriture, alors on devrait le faire avec la musique", raisonne-t-il.
Reconnu comme l’un des producteurs les plus primés, habiles et originaux de toute la scène musicale internationale – il a notamment signé la facture sonore des U2, Bob Dylan et autres grands noms -, Lanois a pris la décision, vers 2003, de se consacrer à faire paraître sa propre musique de façon plus régulière. S’y ajoute un projet de film expérimental nommé Silvio, qu’il caresse depuis quelques années et qui devrait atteindre sa complétion sous peu. En attendant, des extraits de l’œuvre cinématographique agrémentent quelques-uns de ses concerts. "C’est très psychédélique et surréel, mais d’une bonne façon. Ce film original est une histoire de science-fiction avec un petit personnage qui vient d’ailleurs dans l’univers et qui atterrit sur Terre. C’est son parcours dans la vie", résume Lanois.
L’idée lui est venue il y a environ quatre ans, lorsqu’il a fait la rencontre d’un petit garçon nommé Silvio, le bébé d’un ami. "J’ai commencé à voir le monde à travers ses yeux. Je trouvais intrigante l’idée qu’il soit un petit personnage avec des pouvoirs spéciaux, quelqu’un qui reçoit un don par exemple, comme celui de la musique. C’est une occasion d’explorer des thématiques contemporaines à travers les yeux naïfs d’un petit garçon." Daniel Lanois nous propose, sur la Scène nordique du Bal de neige, une expérience extérieure singulière alliant musique, chansons et projections visuelles. "Certaines de mes pièces possèdent une sonorité liquide et glacée. Je crois que ça pourra être très approprié dans la neige. Et nous allons avoir quelques manœuvres shakespeariennes." Prometteur.
Le 17 février à 19 h 30
À la Scène nordique du Bal de neige
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