Daniel Taylor : Musique de circonstance
Le réputé contre-ténor Daniel Taylor revient à Montréal en lumière et y invite la grande soprano Emma Kirkby pour interpréter le chef-d’œuvre de Pergolèse.
Le dernier disque de Daniel Taylor sous étiquette ATMA est paru à l’automne 2005. Il s’agissait d’un enregistrement de la version d’Alessandro Scarlatti du Stabat Mater, avec son ensemble, le Theatre of Early Music, et la soprano britannique Emma Kirkby qui, à plus de 55 ans, surprend toujours par la pureté de sa voix. On retrouvait Taylor en janvier dernier à la Salle Pierre-Mercure alors qu’il participait à un spectacle de danse de Coleman Lemieux & Compagnie en interprétant (et en dansant!) le Stabat Mater de Vivaldi avec son ensemble.
Voici qu’il nous présente cette fois la version sans doute la mieux connue du Stabat Mater, celle de Pergolèse (1710-1736), toujours avec son ensemble et, encore une fois, avec Emma Kirkby. C’est de l’aéroport que Daniel Taylor, toujours entre deux avions, me parle: "Ça commence à ressembler à un cycle tout ça! En plus, avec Emma, nous enregistrerons pour BIS, juste avant notre prochain concert, la paraphrase de Bach du Stabat Mater de Pergolèse (BWV 1083)! En fait, voici l’histoire: l’année dernière, alors que je chantais à Toronto, j’ai été contacté par un médecin dont l’épouse était tout récemment décédée. M’ayant entendu chanté le Stabat Mater de Pergolèse avec Nancy Argenta (à Montréal en lumière 2003) juste après que l’on eut diagnostiqué chez elle un cancer, elle souhaitait que je chante des extraits de l’œuvre à ses funérailles. Je l’ai fait bien sûr, et je me suis rendu compte que l’on oublie souvent le pouvoir de cette musique, parce qu’on l’entend hors contexte, dans une salle de concert ou autrement. C’est un texte sur la souffrance et la compassion, toujours aussi actuel, et c’est sans doute pourquoi tant de compositeurs l’ont utilisé. Au moment des funérailles, la version Vivaldi était déjà prévue, et nous avions déjà enregistré le Scarlatti, mais le concert prévu avec Emma devait être un programme Haendel. J’ai décidé de le modifier pour refaire le Pergolèse et le concert que nous donnerons à Toronto, après celui de Montréal, sera dédié à la mémoire de cette dame."
À propos de sa participation à la chorégraphie de James Kudelka, en janvier, le chanteur est très heureux d’avoir pu élargir son public dans ce contexte: "C’était plein les quatre soirs! 900 places… Pas mal pour de la musique baroque, surtout après m’être fait dire par le CALQ qu’il y a assez d’ensembles de musique baroque à Montréal…" Ce sera la cinquième participation de Daniel Taylor à Montréal en lumière: "Je pense que si on me réinvite, c’est que nos concerts ont un certain succès, et je serais heureux si ça devait les inciter à mettre davantage de musique classique dans la programmation!" C’est aussi pour cette raison que le chanteur a choisi pour ce concert une église d’assez grande capacité.
Jointe chez elle, Emma Kirkby avait bien hâte de retrouver son collègue: "La première fois que j’ai chanté avec Dan, il sortait à peine de l’adolescence! J’ai été immédiatement frappée par la limpidité de sa voix et charmée par sa musicalité et son enthousiasme. Depuis, il n’a cessé de se bonifier et c’est toujours un plaisir de travailler avec lui, et aussi avec son ensemble, dont je connais bien les membres britanniques, mais aussi les Montréalais, que je connais, pour certains d’entre eux, depuis plus de 20 ans, à l’époque de mes premières magnifiques rencontres avec le SMAM!"
Le plus récent disque de Daniel Taylor et de son ensemble regroupe des duos avec le contre-ténor James Bowman (Love Bade Me Welcome – Renaissance Love Songs, BIS-1446).
Le 22 février
À l’église Saint-Léon de Westmount
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