Islands : Les joyeux naufragés
Islands nous a fait languir un bon moment, mais l’attente touche à sa fin. Return to the Sea, le premier album d’une partie des défunts Unicorns, nous sera livré sous peu.
Le pincement au cœur avait été vif lorsqu’on apprenait, il y a plus d’un an, la dissolution des Unicorns, ce singulier – et éphémère – trio qui nous avait servi Who Will Cut Our Hair When We’re Gone?, une œuvre éclatée qui avait fait grand effet, et ce, bien au-delà de scène indie montréalaise d’où le groupe émergeait. Mais la rumeur laissait entendre que tout n’était pas terminé: deux des membres, Nick Diamonds et Jaime T’ambour, planchaient sur un nouveau projet. Ils se sont d’abord consacrés à un projet hip-hop (Th’Corn Gangg) avant de former Islands dont on a pu avoir un aperçu en première partie de Beck lors de son passage en septembre dernier au Pop Montréal, puis de Broken Social Scene à peine un mois plus tard, dans le cadre du MEG.
"Avec ce nouveau projet, on va beaucoup plus loin qu’auparavant, expose Nick. Pour moi, les Unicorns étaient en quelque sorte une préparation et je me sens maintenant beaucoup plus dans mon élément." À la base, on retrouve en effet une formule mélodique semblable à celle de l’ancienne formation, mais les créations d’Islands sont nettement plus consistantes et les structures s’avèrent plus complexes, les influences, plus variées. Des compositions parfois agréablement brouillonnes d’autrefois, on est aujourd’hui passé à un rock orchestral dense et exalté.
Violonistes, hautboïstes, clarinettistes, etc., une panoplie d’amis musiciens ont prêté main-forte au groupe pour l’élaboration des chansons de Return to the Sea, qui paraîtra ici le 21 mars sur la nouvelle étiquette Equator Records et sur Rough Trade quelques semaines plus tard en Europe. De ce nombre, une bonne partie des membres d’Arcade Fire (Richard Reed Parry, Tim Kingsbury, Will Butler et Sarah Neufeld), de Wolf Parade (Dan Boeckner et Spencer Krug), ainsi que des membres de Bell Orchestre, de A Silver Mt. Zion et de Snailhouse.
Sur scène, l’équipe se voit réduite à un nombre moins imposant d’individus (le groupe compte officiellement sept têtes). Entre l’album et ce qui nous est donné à voir en prestation, on relèvera donc des différences assez marquées: "Je dirais que les spectacles sont peut-être meilleurs que l’album, puisqu’on y retrouve l’unité sonore réelle du groupe, une spontanéité plus authentique et plus de diversité. Très rapidement, les musiciens qui se sont joints à nous ont compris où on s’en allait et se sont adaptés à merveille."
On se rappellera que les spectacles des Unicorns s’avéraient des expériences hasardeuses, pas nécessairement toujours satisfaisantes, puisque l’humour et les dérapes vers l’absurdité y prenaient quelquefois le dessus sur l’exécution en bonne et due forme des pièces. "Avec les Unicorns, nous étions seulement trois sur scène, alors c’était plus dur d’improviser. Si un des trois arrêtait subitement de jouer ou décidait d’essayer autre chose, l’effet pouvait être désastreux et le tout tombait à plat. Nous avons maintenant plus de possibilité quand vient le temps de tenter de nouvelles expérimentations."
Si l’on se fie aux propos du jeune homme qui nous assure qu’il a déjà en banque suffisamment de pièces pour un deuxième album, on peut espérer qu’Islands connaîtra une longue destinée.
Le 17 février
Au Club Lambi
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