Jamil : Pitié pour le bum
Jamil est de retour au Granada avec un nouvel album en poche: Pitié pour les bums, suite logique de son Pitié pour les femmes.
Honni par les radios, Pitié pour les femmes s’est tout de même écoulé à près de 25 000 exemplaires. Et Pitié pour les bums, lancé en septembre, a déjà trouvé 7000 preneurs. "Je suis étonné que les gens aient acheté autant d’albums", note Jamil, rencontré dans la pénombre du théâtre qu’il revisitera le 24 février. "Quand on voit le personnage sur scène, c’est autre chose."
Un spectacle de Jamil, c’est un spectacle de chansons à texte. L’auteur-compositeur a la langue partout sauf dans la poche. Lorsqu’on le questionne sur cet intérêt marqué pour le sexe, il rétorque en examinant l’endos de ses trois pochettes d’album, incluant le Greatest Hits paru en 1998 sous le pseudonyme de Pépé inc., et fraîchement relancé sur le marché. "J’ai pas l’impression de parler de cul tant que ça. Je parle de relations amoureuses." Il scrute alors la liste de ses chansons et les commente une à une. Sur le lot, il cite les paroles de quelques pièces, dont Les Moitiés: ""La moitié d’un cœur/Y’a quelqu’un qui pleure/La moitié d’un amour/Y’a quelqu’un qui paye pour." Je parle de tout dans mes chansons!"
Vrai que Jamil embrasse large dans son nouvel album. Alors que la musique emprunte parfois des sonorités arabisantes, il aborde différentes thématiques à saveur sociale; de la course à l’emploi décrite dans Mon curriculum vitae à la pertinente Irons-nous tous au combat, qui parle des religions. À noter aussi la drolatique Fille correcte (ben correct’), issue de la plume de Micheline Goulet, femme de lettres sherbrookoise emportée récemment par un cancer. Jamil confie un doux souvenir de cette amie de longue date. Trop affaiblie par la maladie, Micheline n’avait pu assister à sa dernière prestation au Granada. Une semaine plus tard, il s’était déplacé avec ses musiciens pour lui offrir le show en privé. "Elle était émue, se rappelle Jamil, lui aussi gagné par l’émotion. C’était peut-être huit mois avant son décès…" Il avoue du même souffle avoir peur de la mort. Comme en témoigne Quand on est vieux, deuxième plage de Pitié pour les femmes. "Câlice que ça parle de la mort, ça! Même si je le résume sous une forme qui fait rire…"
Pitié pour les bums surprend dès la première chanson, qui se termine avec un rot retentissant. "C’est très ado, convient Jamil. Je suis le vieux frère de Pépé et sa guitare", rigole-t-il. Malgré tout, le chanteur demande à ce que les jeunes de moins de 16 ans n’assistent pas à son show. Il raconte la gêne ressentie en voyant des petites filles de neuf ans dans les premières rangées de spectateurs. Le public de Jamil serait d’ailleurs à 70 % féminin. On s’étonne de l’entendre dire. Il réplique: "C’est les femmes qui amènent les gars voir le show!"
Après l’entrevue, on s’avoue séduite par le bonhomme qui en a vu d’autres, par ce Franco-Marocain qui vit au Québec depuis 27 ans et qui a parcouru la province à de nombreuses reprises pour faire la promotion des artistes dont il a géré la carrière. Même s’il connaît le territoire québécois comme le fond de sa poche, c’est tout près de chez nous qu’il a choisi d’acheter une terre de 158 acres, en bordure de la rivière Saint-François. "Ça fait 25 ans que j’en rêve."
Le 24 février à 20 h 30
Au Théâtre Granada
Le 22 avril
Au Vieux Clocher de Magog