Martine St-Clair : Sans fard…
Musique

Martine St-Clair : Sans fard…

Martine St-Clair s’est tue pendant quatre ans. Loin des lumières, elle a renoué avec l’essentiel. Elle a alors composé l’album Tout ce que j’ai comme s’il était le dernier.

Au bout du fil, la voix est cristalline, rieuse. Martine St-Clair semble éprouver un malin plaisir à s’adonner au jeu de l’entrevue. Chacun des mots qu’elle prononce est gorgé de soleil, de lumière. Après une mise en contexte obligatoire, on comprend que la chanteuse ne compte pas les jours avant la tombée du rideau. Le vent de la retraite ne souffle pas encore. Au contraire, une brise délicate pousse au loin le superflu et les doutes. À l’aube de la quarantaine, la jolie femme enlève l’excédent de fard pour ne conserver que l’essence, le vrai. Avec Tout ce que j’ai, disque sorti en novembre dernier, elle entreprend en quelque sorte une nouvelle carrière, celle de l’authenticité.

Bien que plusieurs critiques et journalistes l’aient présenté de cette manière, le plus récent opus de St-Clair est loin d’être un testament musical. Il correspond plutôt à un enregistrement rempli de rêve. "Quand on se dit, comme un coureur de fond, que ça peut être la dernière course, on dirait alors que tout change. Il y a quelque chose qui se déclenche à l’intérieur et qui nous crie: "Essayons toutes les possibilités. Donnons-nous toute la latitude pour arriver à la fin de ce projet." Les atmosphères, les textes, les émotions que l’on entend sur l’album ont été tournés et retournés de tous les bords. Alors, ce qu’il reste de ces explorations est ce qui devait être là."

Martine St-Clair ne cache pas que produire un album dans un tel état d’esprit engendre des sentiments insoupçonnés. "Il y a une émotion, évidemment, qui m’a envahie tout le long de l’enregistrement de l’album, pendant les six mois. J’avais déjà fait un an auparavant avec un autre réalisateur. J’ai mis les maquettes, le travail sur la glace. J’ai recommencé avec quelques pièces que j’avais déjà composées, dont le premier extrait Rien dans les mains, L’Étranger et Vous. Oui, il y a un sentiment d’urgence, un sentiment de vouloir dire les choses comme elles sont. Vous savez, quand j’ai écrit Tout ce que j’ai, c’est comme ça que je me sentais à ce moment: le fait d’être en couple, d’aimer beaucoup quelqu’un, de retourner la question à différents moments, de différentes façons; le désir d’avoir un enfant, ce que ça vient perturber dans un couple. Tout l’album a été réalisé comme ça."

LA SIMPLICITÉ VOLONTAIRE

Simple, honnête, Tout ce que j’ai prend l’allure d’une longue lettre d’amour. Baigné dans une pop efficace, l’album dévoile 12 titres nourris par une poésie sincère. "C’est vrai qu’il y a une grande simplicité à travers les émotions dont j’ai le goût de parler. Moi, j’arrive à un certain moment dans ma vie où j’ai envie de dire les choses comme elles sont, ce que je vis comme d’autres femmes de mon âge, comme d’autres couples. Du direct. Et je trouve que, dans la façon dont on a amorcé l’album, Peter (Ranallo) et moi, on s’est vraiment donné carte blanche. On a fait cet album un peu dans l’esprit des années 70. À l’époque de Jean-Pierre Ferland – et là je ne me compare pas à Jean-Pierre Ferland -, les albums se faisaient tout en studio, c’est-à-dire les premiers jets de composition, les premiers essais de voix avec les musiciens, souligne celle qui n’avait jamais eu l’occasion d’enregistrer un disque dans cette ambiance. "C’est comme ça que tu veux le faire?" m’a demandé Peter. "Oui, si c’est possible." Alors, on a commencé les premières journées avec tous les musiciens. Je m’assoyais avec eux et je leur parlais des chansons. Eux me renvoyaient ensuite leurs perceptions de ces textes-là. Et voilà, on commençait!"

Sur le nouvel opus, la chanson L’Étranger capte l’attention avec son refrain coup de poing: "D’où je viens, c’est nulle part/D’où je viens, c’est nulle part!" "Étrangère, oui. Étrangère avec le fait de vouloir retrouver mes repères en tant qu’artiste, en tant qu’auteure-compositrice. Comment puis-je faire en sorte que le public me redécouvre, comprenne là où je m’en vais? Ce n’est pas toujours évident. Il y a un certain public qui me suit depuis plusieurs années et il y a aussi un nouveau public qui m’attend. Ce nouveau public est en train de découvrir, de voir, peut-être même de comprendre ces moments de silence que j’ai eus. On me rappelle souvent que j’ai été silencieuse. Mais, on comprend de plus en plus pourquoi. Musicalement, je désirais prendre du temps pour savoir où je voulais aller. Ce n’est pas un processus qu’on peut forcer, qu’on peut inventer."

Le 18 février
Au Théâtre Palace d’Arvida
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