Pink Martini : Sympathiques
Pink Martini: il apparaît intéressant de saisir l’engagement social à l’origine de la formation, les liens que les chansons entretiennent avec le cinéma et aussi la passion que voue Thomas M. Lauderdale à la musique romantique.
L’ensemble Pink Martini, formé de 14 musiciens, a été créé en 1994, à Portland, Oregon, par Thomas M. Lauderdale, un pianiste de formation classique. Le groupe, qui, à l’origine, ne comptait que quatre membres, jouait dans des manifestations destinées à la collecte de fonds pour des causes progressistes comme les droits civils, le logement à prix modique et la télévision publique. Lauderdale a mis sur pied l’événement Wild Kingdom Rumba: "Nous jouions dans les rues. Les gens venaient à nous." Peu à peu s’ajoutèrent des musiciens issus de la formation The Del Rubio Triplets, reconnue pour ses covers à connotation cubaine, des percussionnistes aussi, faisant partie des Lions of Batucada, groupe de 54 percussionnistes et danseurs jouant de la musique brésilienne dans les rues.
Le premier disque de Pink Martini, Sympathique, comprend beaucoup de vieux succès des années 50, provenant de différentes parties du monde, et qui témoignent du goût prononcé de Lauderdale pour la mélodie: Andalucia, Never On Sunday, Brazil. "Je suis pianiste classique de formation. Mais, j’ai grandi avec ces chansons. Plusieurs viennent du cinéma des années 30, 40, 50. Elles avaient beaucoup de style et d’élégance. Le répertoire était fabuleux: Breakfast At Tiffany, 81/2." L’auteur du texte de Song of the Black Lizard, le réalisateur Akihiro Miwa, a travaillé conjointement avec Mishima pour s’inspirer d’une nouvelle du grand romancier japonais Edogawa Ranpo. Lauderdale aime particulièrement le film noir et, plus récemment, l’œuvre de Pedro Almodóvar.
Avec son deuxième disque, Hang On Little Tomato, Pink Martini continue à confondre les époques et les catégories: swing/lounge américain, chanson américaine des années 50, musique cubaine, musique brésilienne, chanson française, musique classique, world music (Europe de l’Est, Japon). L’œuvre comporte essentiellement des chansons originales composées par l’orchestre ou par sa famille élargie. Kikuchiyo to Mohshimasu appartient au style enka, apparu au début des années 70. C’est un peu la musique soul des Japonais: "C’est une mélodie peu connue que peu de personnes avaient entendue. Nous nous sommes rendus à Tokyo pour l’enregistrer." Le groupe l’a fait avec un célèbre joueur de slide guitar de là-bas, Hiroshi Wada. Une autre chanson, U Plavu Zoru, a été écrite par Mario Lalich, un photographe d’origine croate installé aux États-Unis.
Le côté francophile de Thomas M. Lauderdale et de la chanteuse China Forbes apparaît dans des chansons comme Dansez-vous ou Autrefois. Le rapprochement avec le groupe français Paris Combo, populaire, tout comme celui avec le guitariste manouche Patrick Saussois, justement du Nord-Ouest américain, vient à l’esprit. Forbes pourrait s’intéresser à la chanson française jazzée des années 30, celle de Jean Tranchant et de Camille François.
Attirée plus jeune par la voix de Nathalie Merchant, Forbes a écouté Édith Piaf avec fascination. Lauderdale rappelle sa curiosité pour les compositeurs classiques français du début du XXe siècle: "J’adore Erik Satie et Francis Poulenc, quel groupe de gens fascinants! Poulenc a mis plusieurs textes de Guillaume Apollinaire en musique. La chanson comme œuvre d’art!"
Depuis ses débuts orchestraux avec l’Oregon Symphony en 1999, sous la direction du clarinettiste Norman Leyden, Pink Martini a joué avec de nombreux orchestres symphoniques aux États-Unis: "La musique prend alors toute sa dimension romantique."
Les 20 et 21 février
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