Gianmaria Testa : Chants de la renaissance
Gianmaria Testa rééditait fin 2005 l’un de ses plus beaux albums, Extra-muros, et convie cette année le public québécois à un concert intime avec Gabriele Mirabassi, le virtuose italien de la clarinette.
Le Chant du monde lançait à l’automne le deuxième disque de Gianmaria Testa, Extra-muros. Cette œuvre offre de forts accents de jazz et de blues grâce à la participation d’éminents musiciens de la scène parisienne de l’improvisation: le trompettiste David Lewis (Arthur H, Paris Combo), le bandonéiste Juan José Mosalini Jr., le contrebassiste François Moutin et plusieurs musiciens jouant régulièrement au New Morning, comme Jon Handelsman, New-Yorkais d’origine vivant en France depuis 20 ans et dirigeant le formidable orchestre de cuivres qu’est l’Orchestre de la Lune: "Le disque, c’est comme une photo, comme de vieilles peintures. Pour le moment, les chansons ont été remasterisées. J’aimerais un jour les rechanter pour montrer à quel point elles ont évolué."
Les chansons d’Extra-muros expriment, sur un mode tantôt descriptif, tantôt narratif, l’espoir, la possibilité de renaître, la compassion de Testa pour les petites gens. Come un’america s’inspire du mythe américain. L’on devine l’attrait pour un monde qui bien souvent n’est que mirage, pour un continent qui ne saura pas arrêter la barbarie: "Au Piémont, les émigrants sont longtemps partis vers la France ou vers l’Amérique du Sud. Et, là, ils survivaient. L’Amérique, ça voulait dire échapper à la misère. On voyait là un coup de chance." Un’altra citta, Extra-muros, Canto et La cascla colin-a sont de grandes chansons. Testa raconte comment cette dernière lui est venue: "Je l’ai écrite il y a 22 ans. Un jour, lors d’une fête de village, j’ai rencontré une femme qui m’a dit simplement une grande vérité. Elle a dit: "Tu vois cette maison sur la colline? C’est mon père qui l’a construite. Il en a fait plein de maisons. Eh bien, il n’en a jamais eu une à lui! Quand il est mort, on n’est pas arrivé à enlever complètement la chaux qu’il avait sous les ongles"." Cette chanson, Testa l’a chantée dans son dialecte, le piémontais.
La direction artistique d’Extra-muros est assumée conjointement par Testa et Lewis, ce dernier signant plusieurs des arrangements. Dans Il moi gallo, le piano blues de Lewis crée un climat idéal pour le texte: Mon coq ne se réveille plus. L’on pense à Brassens (Au bois de mon cœur) et à Arthur H. Les arrangements de cuivres de Handelsman pour Il viaggio et pour Via da quest’avventura évoquent les pays du Sud, la négritude.
Ce n’est pas la première fois que Testa se produit en duo. Il l’a déjà fait avec le trompettiste Paolo Fresu et avec le guitariste Pier Mario Giovannone. La rencontre avec Gabriele Mirabassi se fera sous le double signe de la fraternité et de l’aventure: "Gabriele a joué du classique contemporain (John Cage), du jazz actuel. Il ne refuse aucune forme de musique. J’aime ce genre de confrontation avec une autre source d’inspiration. Gabriele est bien entré dans l’esprit de mes chansons. J’ai l’impression qu’il les rechante. C’est un vrai duo." Testa termine en réitérant son amour du Québec: "C’est un peu comme la Méditerranée au-delà de l’océan. Y a quelque chose qui n’est pas océanique, qui, malgré tout, est petit."