Le Quatuor Molinari : Et de 10!

R. Murray Schafer est l’un des compositeurs canadiens les plus prolifiques et aussi l’un de ceux qui jouissent d’une bonne reconnaissance sur la scène internationale. Il a composé son premier quatuor à cordes en 1970 parce qu’on le lui avait demandé, n’étant pas naturellement enclin à écrire pour cette formation. Cependant, il s’est pris au jeu et est revenu au genre en 1976, puis en 1981, 89 (2), 93, 98 et 2001.

C’est le Quatuor Molinari qui créait en 1999 le Quatuor no 7, avant de faire paraître l’intégrale (du moment) des quatuors sous étiquette ATMA (récipiendaire d’un "Coup de cœur" de l’Académie Charles-Cros). C’est la même formation qui créait en 2002 le huitième (et partageait avec le compositeur un prix Juno pour la création de l’année) et c’est encore elle qui vient de donner à Paris, le 15 février dernier dans le cadre du Festival Présences, la création du Quatuor no 10 de Schafer, une commande de Radio France.

Qu’en est-il du Quatuor no 9, se demandent peut-être ceux qui ont bien suivi? Eh bien, celui-là était créé le 12 février dernier au Festival international de nouvelle musique de l’Orchestre symphonique de Winnipeg (le Molinari nous le fera entendre en mai, et il compte également poursuivre l’intégrale sur disque).

Olga Ranzenhofer, premier violon du Molinari, m’a parlé du plus récent quatuor de Schafer peu avant son départ pour Paris: "C’est une œuvre magnifique! Il s’intitule Winter Birds. Schafer habite sur une ferme à Indian River (Ontario) et il s’est inspiré des sons des oiseaux et autres animaux qui peuplent les environs durant l’hiver. Alors, bien sûr, ça se traduit dans ce que nous avons à jouer et nous imitons ces sons avec les instruments, c’est vraiment très beau. Ça débute d’une manière glaciale, statique, et l’on entend le thème du loup qui apparaissait dans le Quatuor no 5 et qui est revenu quelques fois par la suite… Ce n’est pas une œuvre très rythmique, tout y est raffinement et nuance."

Le compositeur a pris l’habitude de faire réapparaître certains thèmes d’un quatuor à l’autre pour renforcer la continuité de ce corpus qui tient un peu une place à part dans sa production globale. Un quatuor commence souvent comme le précédent se terminait, et Schafer était d’ailleurs très heureux à l’époque où le Quatuor Molinari présentait les sept premiers dans un même programme (un marathon!), puisque cela prenait les allures d’une grande œuvre en plusieurs mouvements.

Olga Ranzenhofer et ses collègues Johannes Jansonius (violon), Youkari Cousineau (qui remplace temporairement Jasmine Schnarr à l’alto) et Julie Trudeau (violoncelle) sont évidemment ravis d’être invités à participer au Festival Présences: "Nous pourrons y rencontrer le compositeur norvégien Lasse Thoresen, dont nous allons donner la pièce Pyr Aionion en création canadienne à MusiMars. Nous pourrons aussi travailler avec la gagnante de la Tribune internationale des compositeurs 2004, la Lettonienne Santa Ratniece, dont nous allons créer une nouvelle œuvre qui est aussi une commande de Radio France. Et puis nous pourrons aussi rencontrer Krzysztof Penderecki, à qui le festival est dédié cette année et dont nous jouerons le Quatuor no 2, de 1968; c’est très excitant!"

Le programme donné à Paris le 15 sera repris intégralement lors du concert du 28. Il compte aussi une pièce d’Ana Sokolovic, Blanc dominant, que le Molinari créait en 1998.

Le festival MusiMars est présenté par la Faculté de musique de l’Université McGill et la SMCQ, et il se tient du 27 février au 3 mars. www.smcq.qc.ca

Le 28 février
À la Salle Pollack
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