Metric : Nomade
Metric, dont l’éclatante figure de proue Emily Haines a déjà affirmé qu’elle n’effectuerait plus de tournées en hiver, s’apprête pourtant à porter toute sa fougue sur les routes canadiennes et américaines.
Les choses s’étaient apparemment si mal déroulées pour Metric durant la tournée qui avait suivi leur premier album (paru en 2003) que des rumeurs de séparation s’étaient mises à circuler. "En fait, il n’était plus question de reprendre la route dans d’aussi mauvaises conditions: nous n’avions qu’un petit véhicule désuet dont le chauffage ne fonctionnait à peu près pas, alors durant l’hiver, nous avons tous pris froid et sommes tombés malades. Cette fois-ci, nous disposons d’un autobus, alors tout devrait être correct!" nous assure en rigolant une Emily Haines encore survoltée par le récent passage de son groupe sur la scène du mythique Madison Square Garden de New York, en première partie des tout aussi mythiques Rolling Stones.
C’est de Los Angeles que la charismatique chanteuse et claviériste nous entretient des aléas de la vie de tournée: "C’est un mode de vie étrange que je ne serais pas capable de mener jusqu’à la fin de mes jours. Par chance, je suis quand même capable de composer sur la route. Cela prend la forme d’idées éparpillées, mais quand je retourne à la maison, je les transpose rapidement en chansons."
Bien qu’elle séjourne quelque temps en Californie afin de "relaxer un peu" avant d’entreprendre la série de spectacles, son réel port d’attache demeure Toronto, ville qui a vu naître le groupe il y a plus de huit ans: "J’ai un appartement à Toronto, mais je n’y suis jamais!" Incapables de tenir en place, elle et son comparse de longue date, le guitariste James Shaw, ont élu domicile au cours des dernières années à Montréal, Londres, New York et Los Angeles. Ce nomadisme leur a permis de tisser des liens avec d’autres artistes et d’établir d’intéressantes collaborations (le duo a entre autres participé aux deux derniers albums de leurs amis de Broken Social Scene). "J’adore ce sentiment extraordinaire dans une nouvelle ville de toujours avoir quelque chose à découvrir, de voir les choses pour la première fois. Mais j’espère qu’un jour je trouverai un endroit où je vais avoir envie de m’installer", admet-elle en soulignant l’importance d’établir des repères.
L’automne dernier, la formation (complétée par le bassiste Josh Winstead et le batteur Joules Scott-Key) lançait Live It Out, un album qui faisait suite au récemment certifié "or" Old World Underground, Where Are You Now? qui en aura fait danser plusieurs avec ses airs punchés (Dead Disco, Combat Baby) et ses envolées sulfureuses d’électro-new wave. Les titres plus récemment pondus se font beaucoup plus rock et mordants; les guitares se tiennent maintenant à l’avant-plan, autrefois occupé par les claviers.
Mais toujours, il y a cette voix si caractéristique de Haines qui détermine en grande partie le son de Metric. La chanteuse se plaît encore dans le tourbillonnant monde du rock’n’roll, mais n’a toutefois aucun mal à s’imaginer suivant un destin tout autre: "J’aimerais travailler avec ces gens qui s’occupent de jardins communautaires à Manhattan, ils ont transformé des stationnements entiers en espaces verts. J’adorerais me dévouer à une cause aussi noble!"
Mais en attendant de mener une existence un peu plus peinarde, les projets ne manquent pas: "Je souhaite écrire encore des tonnes et des tonnes de chansons pour Metric", lance-t-elle avant de nous faire part d’un projet solo par lequel on devrait la découvrir sous un jour plus tranquille et introspectif. "J’ai aussi eu l’idée d’un trio dont feraient partie Feist et Amy Millan (Stars)… mais c’est seulement un rêve." À imaginer la rencontre de ces trois voix célestes, on ne peut qu’espérer que le souhait se réalise. Et vite.
Le 1er mars
Avec Islands et Holy Fuck
Au Métropolis
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