Mike Goudreau : Câline de blues
Musique

Mike Goudreau : Câline de blues

Mike Goudreau nous revient avec un huitième album, The Grass Ain’t Greener, s’inscrivant dans la plus pure tradition blues.

Descendu de Stanstead pour une entrevue fixée un lundi matin, Mike Goudreau est tout sourire dans le décor chaleureux de la Brûlerie de café. Aucun signe qu’il s’est rendu le week-end même à Toronto, au mythique Silver Dollar, pour y présenter son petit dernier, The Grass Ain’t Greener; un disque regroupant 12 titres, dont 8 sont issus de sa plume.

L’album a été créé dans la spontanéité, de façon rapide et efficace. "On voulait sonner live le plus possible", fait remarquer Mike. L’enregistrement s’est fait l’automne dernier au studio de David Elias. Avant de se lancer dans le projet, Mike Goudreau a écouté beaucoup de musique, branché par satellite sur les radios américaines. Inspiré par le blues qu’il a entendu sur les ondes, il n’a pas hésité à immortaliser des pièces plus longues mettant en valeur les talents d’improvisateurs de ses musiciens. Et ses talents à lui aussi. Car sur cet album, Mike Goudreau se paie la traite. Guitariste accompli, il ne s’est pas gêné pour inclure des solos, d’autant plus qu’il a enregistré avec l’une des deux guitares de collection qu’il s’est payées pour ses 40 ans.

L’AMOUR TOUJOURS

Les chansons présentes sur The Grass Ain’t Greener abordent des thèmes fétiches du blues; les relations amoureuses et l’alcool notamment. Mike apporte sa touche humoristique et pince-sans-rire sur certaines compos, dont You Should Have Known Better. Quelques pièces se font plus personnelles, comme la première plage de l’album, Too Good to Be True, où il se montre reconnaissant envers sa blonde qui le soutient dans sa démarche de musicien. "Si ma blonde ne m’appuyait pas, ce serait difficile. En fait, c’est déjà difficile. En musique, t’as des victoires, mais des échecs aussi. C’est les deux extrêmes", souligne-t-il. Ce père de trois enfants ose même aborder le thème de la foi dans la chanson Give It to the Lord. "Pour faire cet album-là, je lui ai parlé beaucoup [à Dieu]. Sa réponse, c’est que l’album est sorti! fait-il remarquer. Je ne suis pas si religieux, mais la spiritualité, c’est important pour moi."

À travers les compos se glissent des reprises de hits du répertoire blues, dont Caldonia, la toute dernière pièce qu’il a enregistrée en studio. "On s’est dit: on fait une dernière toune pour le fun! raconte-t-il. Ça a été très spontané, totalement improvisé." Il reprend aussi une pièce qui suscite toujours des réactions enthousiastes en spectacle, Oh! Darling des Beatles, un véritable blues selon lui.

ENTRE LES DEUX, SON COEUR BALANCE

C’est connu, entre le blues et le jazz, le cœur de Mike Goudreau balance. Le chanteur-guitariste se sent autant d’affinités avec un style qu’avec l’autre. Ce qui lui plaît dans ces deux genres de musique, ce sont les possibilités infinies d’improvisation. "En plus, c’est de la musique qui n’est jamais démodée, constate-t-il. Je pense que mes albums seront toujours aussi actuels dans 10 ans. Le temps n’a pas d’effet sur ces tounes-là." Et même s’il vient de lancer un album blues, pas question de laisser le jazz de côté. Des engagements sont même déjà prévus cet été dans ce créneau, et son hommage à Louis Armstrong fonctionne toujours très bien.

Mike Goudreau mène donc différents projets de front, armé de ses deux passions. Son nouvel album, il a choisi de le faire paraître sous le nom de Mike Goudreau Band, une appellation qui s’ajoute à celles sous lesquelles on a l’habitude de le voir jouer: Boppin Blues Band et Mike Goudreau and Friends. Devant notre confusion, il nous explique que la première désigne le band de blues avec cuivres qu’il a formé il y a déjà 16 ans. La seconde s’applique au projet jazz. "C’est l’inconvénient de porter plusieurs chapeaux", constate Goudreau.

Même s’il parvient à jouer la musique qui le passionne, c’est avec le rock que Mike Goudreau arrive à mettre du beurre sur son pain. Au moins deux fois par mois, il est appelé à interpréter, pour différents événements corporatifs, des hits des Beatles, de CCR, des Doobie Brothers, des Rolling Stones et tutti quanti. "Je connais environ 500 chansons de ce genre-là. Ça arrondit bien les fins de mois."

SE PRÉPARER AU PIRE

Quand on lui demande qu’elles sont ses aspirations pour cet album distribué par les Productions Bros, Mike Goudreau répond qu’il a les mêmes attentes que d’habitude. "Pouvoir tourner, faire des shows, un peu de radio… Mais avec le blues, on ne s’attend pas à jouer dans les radios commerciales, précise-t-il. Je me prépare toujours pour le pire. Comme ça, ce que j’ai de plus, c’est comme un bonus."

En fait, il souhaite pouvoir sortir du Québec le plus possible et tâte aussi le terrain pour une tournée en Europe. À son horaire estival figurent déjà des prestations dans des festivals ontariens.

Dans la région, il se produira bientôt au Pavillon des arts et de la culture de Coaticook, accompagné de presque tous les musiciens qui ont participé à l’album, soit Daniel Poulin à la basse, Harmonica Zeke à l’harmonica et à la slide, Patrick Morin à la batterie et Nino Carlo Fabi à l’orgue. Le résultat sur disque promet pour la suite des choses.

Mike Goudreau
The Grass Ain’t Greener
Indépendant

Le 10 mars à 20 h
Au Pavillon des arts et de la culture de Coaticook