France Maisonneuve : Belle mélancolie
La jeune chanteuse France Maisonneuve s’apprête à regagner la scène outaouaise pour livrer des parcelles de bonheur et d’espoir, sur fond de douce mélancolie. Entretien.
Comme bien des fillettes, France Maisonneuve transformait ses brosses à cheveux en micro et affectait sa jeune soeur à simuler des entrevues lorsqu’elle était gamine, pour se préparer à sa future vie de star. Toutefois, son ambition ne s’est pas arrêtée aux simples jeux et rêvasseries. Âgée d’à peine 11 ans, elle traîne ses parents dans un bar où elle s’est déniché une audition pour un concours, et en réponse au musicien qui refuse de jouer la chanson qu’elle a choisie, elle entame son hymne a capella, à la grande surprise de papa-maman. "À quatre ou cinq ans, je pensais déjà à mon album, je ne savais juste pas comment faire. Mon père fait des courses de chevaux et ma mère est hygiéniste dentaire, et il n’y avait aucune musique chez nous. J’ai développé une certaine obsession pour le métier que je voulais faire. Aujourd’hui, j’en ai 26, et ça commence seulement!" constate avec bonne humeur la chanteuse gatinoise.
Sous des dehors enjoués, bon enfant et rieurs, France Maisonneuve cache une facette de sa personnalité, qui ressort surtout dans sa musique: "J’ai souvent le grand smile, mais je suis une grande mélancolique. Je suis facilement touchée par ce qui arrive autour de moi, mais j’essaie quand même d’être la plus positive possible." Un spleen qu’elle a probablement traîné depuis son enfance, puisque son chemin n’était pas sans embûche. Après des passages remarqués notamment à Tout nouveau, tout show, au Festival en chanson de Petite-Vallée et à celui de Granby, plusieurs maisons lui font des propositions, mais refusent de travailler avec sa gérante du temps, avec qui elle était liée par contrat. "C’était la grosse panique, la dépression totale. Je "focussais" là-dessus depuis tellement longtemps et ça n’allait pas fonctionner! Après ça, fallait trouver des chansons. J’en ai reçu plusieurs, mais sur la centaine reçues, aucune d’entre elles ne me plaisait. Je me suis finalement assise et je me suis dit que je devais composer mes propres tounes!" s’exclame-t-elle. Et c’est bien ce qu’elle a fait, avec la collaboration de ses compagnons Jean Galarneau, qui l’aide aux textes, et Denis Chénier, qui l’accompagne à la composition.
Suivront pour la serveuse-chanteuse à La Ferme rouge des tournées en tant que choriste (avec Gabrielle Destroismaisons notamment) et une participation à la revue musicale Broadway au Casino du Lac-Leamy, où elle se fait remarquer. Ces expériences seront suivies d’un contrat à Atlantic City, où elle chante du jazz, accompagnée d’un piano.
Mais l’ambitieuse chanteuse ne se contentera pas de contrats comme chanteuse de cabaret et elle poursuivra son ascension vers une carrière solo. Elle fait donc appel au réalisateur Toby Gendron – qui compte sur sa feuille de route les Dion, Dufresne, Leloup et Dufault – pour l’enregistrement d’un démo. "Depuis que j’ai 14 ans, je veux travailler avec lui. Je regardais toujours les noms des musiciens et des réalisateurs sur les albums qui me plaisaient, et son nom revenait", explique France. Et ce qui aurait pu se faire en un mois s’est fait en un an et demi à cause de l’horaire chargé du réalisateur. La patience et l’audace de la chanteuse lui ont par contre valu une place sur la compilation de Loft Story 2, à laquelle Gendron travaillait et pour laquelle il avait proposé une vingtaine de chansons. La pièce Dehors, qu’elle a coécrite avec Mélanie Guay, a été préférée entre toutes. Une compagnie de disques s’intéresserait aussi à sa "pop un peu plus à gauche", comme elle la décrit. Et si tout se déroule comme elle le souhaite, son premier album pourrait finalement se retrouver sur les tablettes à l’hiver 2007. "Des fois, je me dis que le choix que j’ai fait de ne pas prendre de raccourcis, c’est soit de la folie, soit de la foi… C’est un peu des deux, je crois", s’esclaffe-t-elle.
En attendant que tous ces projets gonflent et prennent le large, elle vient présenter ses compositions et quelques interprétations sur scène, accompagnée de cinq musiciens dirigés par Éric Sauvé. "Les chansons de mon spectacle parlent d’espoir en la vie, du beau temps qui arrive… C’est un peu mélancolique et ça démontre surtout des états d’âme, ce sont des moments, des petites bulles d’émotion", sourit-elle.
Le 6 mars à 20 h
À la Salle Odyssée
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