La Cage de bruits : Les ailes du mutin
Lorsque la Cage de bruits se déchaîne, c’est pour mieux nous donner des ailes… Au parloir avec la surprenante Danielle Richard.
Soudainement, des barreaux cristallins deviennent visibles autour de nous, que seule la rumeur d’une forte volonté pourrait faire éclater. Ou peut-être la voix particulièrement maîtrisée de Danielle Richard. La maturité de ses prestations vocales remarquables puise son énergie dans l’expérience qu’elle a du chant: "J’ai commencé par faire du gospel à l’adolescence, raconte Danielle. J’ai été faire des cours de chant jazz. J’ai aussi eu des cours au cégep et à l’université en chant classique et en chant jazz. Après ça, j’ai étudié le chant indien et le chant bulgare." Des paroles murmurées au chant lancinant, jusqu’au timbre métallique agressif, elle semble capable des intonations les plus surprenantes. Soutenue par une musique exploratoire convaincante, métal à souhait, elle met en chair des textes lucides, profondément engagés. Une poésie planante qui suit les hautes voltiges musicales…
Danielle prend le pari qu’un oiseau qui a conscience de sa cage veut en sortir. "Tant qu’à faire de la musique, aussi bien mettre des paroles, et tant qu’à mettre des paroles, aussi bien dire des affaires qui peuvent faire changer les choses. En premier lieu, moi, je m’informe, j’me documente avant d’écrire mes textes, je sais de quoi je parle. Ça fait que c’est pertinent. Puis j’essaie de le faire d’une façon qui n’est pas négative." Il n’est donc pas question d’une critique stérile, mais de proposer des pistes de solution pour différents problèmes qui triturent l’esprit de la chanteuse. L’important pour elle, c’est d’aller au-delà de la réflexion et d’agir: "On est capables d’aller chercher les informations, on les a devant nous, pis notre confort tranquille nous rend un peu… On ne participe pas à notre démocratie, on ne se mobilise pas… On le fait dans notre cuisine, mais on ne le fait pas à grande échelle. On ne prend pas le temps d’écrire des lettres pour dénoncer certains comportements sociaux, proposer des solutions, pis on ne les envoie pas aux gens qui sont censés être là pour nous représenter."
La clef de voûte de sa démarche artistique, c’est la prise de conscience. "Je prétends pas avoir la vérité, je fais juste prendre conscience de ces choses-là, pis le fait de les écrire, ça m’aide, moi, à être plus conséquente. Et le fait de voir du monde qui tripe pis qui allume sur ce concept-là… C’est cool, ça se répand." Elle est donc confiante, sachant qu’elle réussit à en convaincre quelques-uns de cesser de se laisser abecquer par une société du tout cuit pour voler de leurs propres ailes. Et plus nombreux ils seront à partager le vol des affranchis, meilleurs seront les présages…
ÉVASION
Pour le 10e anniversaire du groupe, ses membres s’évadent de leur bagne urbain pour migrer dans la région du Lac-Saint-Jean. Ils viennent nous brasser la cage au Vieux Couvent de Saint-Prime avec un spectacle dont ils sont les seuls à avoir la clé. Ce laboratoire musical sera enregistré dans le but d’en faire un album live qui sortira l’automne prochain pour se joindre aux deux précédentes plateformes du groupe, Exutoire (2001) et Pouvoir (2005). Ainsi, ils se retrouveront dans le nid qui a vu les premières envolées de Michel Couture, l’un des deux batteurs du groupe.
Ça fait trois ans que Michel a rejoint le noeud du groupe, formé par la chanteuse et le guitariste Patrick Dostie. La décision a été difficile; il a tellement hésité lorsque Danielle lui a offert de forcer les barreaux de la cage avec eux que le groupe a eu le temps d’auditionner un autre batteur, Steve Dumas… "Il nous avait été conseillé par une gang de fans qui nous suivent depuis le début, raconte Danielle. Les quatre dans un local, tout de suite, on a senti que ça pourrait être quelque chose de vraiment tripant." Les deux plus récents membres battent des ailes depuis trois ans: "C’est vraiment l’fun de voir le tempérament des deux batteurs, comment ça blend bien ensemble. Ils se complètent. On a construit des beats qui ne se font pas à un seul drum. Tu vois le balancement des baguettes d’un batteur à l’autre. C’est vraiment intéressant."
Il sera difficile pour les amateurs de musique de ne pas laisser leur perchoir pour forcer leur geôle, vendredi, au moins le temps d’une soirée. Plusieurs voudront voler à tire-d’aile pour assister aux voltiges musicales de la Cage de bruits.
Le 3 mars
Au Vieux Couvent
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