Nous non plus : Je t’aime moi non plus
Nous non plus, qui portait autrefois le nom de Sans Culottes, donne toujours dans un rock’n’roll aux touches frenchies des années 60, mais le fait avec plus d’inventivité. Et sans se prendre la tête, jamais.
Ne possédant pourtant aucune autre prétention que de faire de la musique pour s’éclater, ces "faux Français" de Brooklyn ne l’auront pas eu facile au cours des derniers mois. C’est devant un juge qu’ils se seront retrouvés l’été dernier, alors qu’ils souhaitaient se débarrasser de Clermont Ferrand, un des membres qui avaient fondé les Sans Culottes en 1997. "Il était méchant et on ne l’aimait pas", lance sans aucun détour la chanteuse Céline Dijon, la seule vraie Française du lot, pour le reste composé de membres d’origine américaine. "Nous étions la majorité à désirer son départ (cinq des sept membres), mais ça ne lui a pas plu du tout, et comme il était avocat de métier, il nous a traînés en justice. Ce fut le gros drame, c’était horrible et très triste." À l’issue de ces démêlés, le musicien mis de côté a pu garder l’appellation Sans Culottes, il a recruté de nouveaux musiciens avec qui il continue à se produire sur scène en jouant les anciennes pièces du groupe.
En guise de bras d’honneur à cet homme et à cet épisode, l’équipe a donc adopté le nouveau nom de Nous non plus, qui rend du même coup hommage à la chanson Je t’aime moi non plus de Gainsbourg, l’un de leurs maîtres à penser aux côtés des Dutronc, Hardy et autres figures phares de la chanson française des années 60. Car bien que le groupe (complété par Carl d’Hommage, Bonnie Day, Morris Chevrolet, Jean-Luc Retard, Harry Covert et François Hardonne) mélange de nombreuses influences (rock garage, punk, quelques touches d’électro), son amour pour la tradition française est transposé aux compositions et en demeure la principale particularité.
Et en réaction à ces bouleversements internes, des transformations se sont naturellement opérées dans le son. Celui-ci possède davantage ses propres couleurs; les influences sont moins fixées dans l’époque yéyé. "On n’a pas cherché à changer de style. Nous avons encore les mêmes racines, explique la chanteuse. Mais comme je compose plus de chansons, c’est un peu plus léger du côté des paroles. On s’amuse toujours comme des malades, mais musicalement, c’est plus sérieux et plus raffiné… On s’éloigne du côté pastiche pour intégrer des éléments plus modernes."
Comme chacun fait de la musique à titre de loisir, en parallèle à sa réelle carrière (le groupe compte un journaliste, un champion de air guitar, un professeur de science politique, un traducteur littéraire ainsi qu’un critique culinaire et sommelier), cela ne laisse pas beaucoup de temps aux tournées, et les spectacles deviennent donc des moments privilégiés de pur plaisir. Humour et dérision sont à l’honneur dans les chansons, et il en va de même sur scène: "En fait, notre recette est très très simple: on s’amuse tellement que c’en est contagieux, et tout le monde a du bon temps. Les gens viennent souvent nous voir pour nous dire que c’est le meilleur show qu’ils ont vu depuis de nombreuses années."
Le 3 mars
Au Divan Orange
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