Walter Boudreau : Vent du nord
Musique

Walter Boudreau : Vent du nord

Walter Boudreau dirige l’Ensemble de la SMCQ en clôture du festival MusiMars. Cinq solistes pour cinq créations: un véritable vent de fraîcheur.

J’attrape Walter Boudreau entre deux répétitions pour le prochain concert de la Société de musique contemporaine du Québec, intitulé Aurores boréales, en référence à la portion "nordique" du programme. Il arrive tout juste de Paris où il est allé entretenir le partenariat important entre les festivals montréalais MusiMars et MNM (coproduits par la SMCQ) et le festival Présences, organisé par Radio France. Un partenariat si solide que l’édition 2009 du festival parisien se tiendra… à Montréal!

La Scandinavie est également partenaire dans ce réseau international et c’est ce qui nous permettra d’entendre trois créations canadiennes de compositeurs du Danemark, de l’Islande et de la Norvège lors du concert de clôture de MusiMars, offert par la SMCQ. "Il y a une grande similarité, note Walter Boudreau, entre la pratique musicale des compositeurs de ce coin-là et la nôtre, ici au Québec. J’entends que leur pratique est plus ouverte que certaines autres que je qualifierais d’"intégristes". Ils ont une liberté vis-à-vis des formes et une curiosité qui se retrouvent chez plusieurs de nos compositeurs. Lasse Thoresen, par exemple, est un compositeur dont la palette imaginative est tellement grande… La pièce que nous jouerons est extraite d’une grande oeuvre de 75 minutes; on s’y retrouve à la ferme, avec les cochons et les vaches! C’est une pièce assez drôle, mais il a aussi écrit des musiques à faire brailler. C’est un esprit vaste, un omnivore au point de vue du style, comme le sont aussi Haukur Tómasson et Bent Sørensen."

Du Norvégien Thoresen, l’Ensemble de la SMCQ interprétera Løp, Lokk og Linjar, pour chanteuse folk (Karen Young) et ensemble de 16 musiciens. De l’Islandais Tómasson, nous entendrons Broken Chords, pour piano solo; une occasion de retrouver, dans le rôle de soliste, un Rolf Bertsch que l’on est plus habitué à voir à la barre de l’OSM que derrière un piano. Enfin, du Danois Sørensen, nous entendrons le concerto pour trombone Birds and Bells. C’est au trombonus optimus Alain Trudel que Boudreau avait d’abord confié la difficile partie de trombone, mais ce dernier ayant été forcé de se mettre au repos sur les conseils du médecin (souhaitons-lui un prompt rétablissement!), c’est le Norvégien Marius Hesby qui le remplacera. "Plus virtuose que ça, tu pilotes un 747 avec le petit doigt!"

Deux commandes de la SMCQ à des compositeurs de chez nous sont aussi au programme. De Marc Hyland, ce sera la première audition de Rosarium, pour baryton (Vincent Ranallo), piano, flûte et harpe. "C’est une oeuvre d’une grande maturité, explique Boudreau, et je veux dire qu’il est trop jeune pour avoir écrit ça! Ça m’a jeté à terre. Il a beaucoup peiné là-dessus, je le sais, mais il a accouché d’un bijou; c’est une distillation qui ne contient strictement rien d’inutile." Enfin, de Yannick Plamondon, nous découvrirons la version concert d’une oeuvre qui peut être présentée avec tout un attirail multimédia, L’Ange casseur, un drame musical pour soprano (Julieanne Klein) et orchestre de chambre. "J’appellerais ça une musique androgyne. C’est assez typique de sa génération, cela dit sans connotation péjorative. Il y a de tout là-dedans, jusqu’à un set de drums, des allusions à la musique pop, au néo-tonalisme; bref, c’est un concentré de toutes ses influences qui utilise comme fil conducteur, à l’instar de la musique de Vivier, par exemple, la voix."

Walter Boudreau a toujours plusieurs chaudrons sur le feu, aussi le verra-t-on souvent du 9 au 19 mars dans les salles de cinéma du FIFA, pour lequel il a accepté d’être membre du jury pour les films en compétition. "Je n’ai pas souvent l’occasion d’aller au cinéma, alors là, je vais me payer la traite!"

SMCQ: le 3 mars
À la salle Pollack de l’Université McGill
Voir calendrier Classique