Défi rock Voir/KYK FM : Tricoté serré
Musique

Défi rock Voir/KYK FM : Tricoté serré

Le Défi rock Voir/KYK FM est déjà terminé. C’est aujourd’hui le grand jour. Au show du matin, KYK FM annonçait en primeur le nom du vainqueur: Francis Doucet. Dès lors, sa chanson aura sa place sur les ondes du 95,7…

Déjà solide, le petit gars du Lac. Il est à l’aise avec le photographe, quoiqu’un peu intimidé par l’attitude de vautour d’un journaliste. Francis Doucet consigne dans un calepin chaque pas qu’il fait dans cette jungle qu’est l’industrie musicale, y jetant parfois un regard anxieux, effrayé à l’idée qu’il pourrait oublier une information primordiale. D’entrée de jeu, Doucet a une bonne pensée pour les autres participants du concours Défi rock Voir/KYK FM: "C’est pas parce que tu gagnes un concours que tu es nécessairement le meilleur musicien! Mais un concours, ça te dit qu’il faut pas lâcher. Ce concours-là, ça m’a crinqué! Tout ce qui est arrivé, ça m’encourage…" Il faut dire que Doucet n’en est pas à sa première expérience du genre: "J’ai toujours été le bon deuxième…" Pas cette fois, Francis.

En même temps que Doucet, c’est toute une région qui remporte les honneurs. Parce que l’album du jeune musicien dont est extraite la chanson gagnante, Icitte on roule, a vu le jour grâce à la capacité de Doucet de se mailler un réseau de confiance parmi les gens de son milieu, mais aussi de garder contact avec ceux des "Bleuets" de son entourage qui ont dû s’exiler au cours des dernières années. Lui aussi s’est vu dans l’obligation de faire son baluchon, lorsqu’il est allé étudier à Québec en immobilier. Comme s’il était retenu par une chaîne à mailles d’or à cette région qui l’a vu naître, il ne pouvait que revenir: "J’ai été parti trois ans. Je voulais revenir au Lac, je sais pas pourquoi, j’étais pas bien en ville." Depuis, Doucet fait parfois des conférences dans les écoles secondaires du Lac-Saint-Jean, invité par les directeurs ou le comité étudiant. Sa prochaine prestation du genre aura lieu à l’École Jean-Dolbeau, le 25 avril prochain. Son message est clair: "Québec et Montréal, c’est pas nécessairement plus l’fun. La semaine, tu vas te pogner le cul autant. On a l’impression que c’est plus beau ailleurs, mais c’est pas vrai pantoute." Ce qui ne l’empêche pas d’être déchiré par deux désirs contradictoires: celui d’aller plus loin dans le milieu culturel et celui de rester auprès des siens…

AVANT DE FLIPPER

À ceux qui lui reprochent des textes au style parfois un peu relâché, il répond simplement: "Je sais que j’écris pas du Daniel Bélanger. Je suis un gars qui déprime sur des niaiseries; quand j’écris, je commence pas à me demander si c’est bien écrit. C’est des textes simples, tout le monde se reconnaît là-dedans." En fait, pour lui, il vaut mieux écrire des chansons que se ronger les sangs; il écrit pour traverser les moments difficiles et, dans son cas, ça fonctionne très bien.

Il est impressionnant de voir à quel point un gars aussi angoissé que Doucet réussit à canaliser ses inquiétudes et se sert de ses tourments comme moteur de création. Son expérience de la scène donne plutôt l’impression qu’il n’a peur de rien… Avec une soixantaine de shows à son actif, il prouve qu’il est plutôt organisé et en contrôle de la situation pour un artiste bileux. Il a entre autres eu la chance de faire la première partie de Marc Dupré au Festival du bleuet, et même des Respectables, au Festival de la relève de Thetford Mines. Mais toutes ces victoires ne l’empêchent pas d’être soucieux.

"Y’a un de mes chums, Nicolas Beaudoin, qui fait juste ça dans la vie, jouer de la guitare. Il est heureux, il tripe. Il vit de la musique, il vit pauvre, mais crisse, il est heureux. Lui a pas besoin d’argent pour être heureux. Moi, j’ai pas le goût de manger du beurre de peanuts toute ma vie." Depuis le mois d’août, parce qu’il se sait malheureux sans argent, Doucet travaille à l’usine Abitibi-Consol de nuit. "J’vais faire mon argent, ça va payer une partie de l’album." Parce qu’il a un nouveau projet en tête: un CD qui regrouperait quatre chansons de son premier album et une douzaine de nouveaux titres sur lesquels il travaille présentement, puisqu’il est en préproduction à raison d’une journée par mois. Conscient des limites de son premier recueil, lui accordant le titre d’album de jeunesse, il cherche à aller plus loin, à s’offrir un album d’une meilleure qualité.

Doucet est un des sept membres fondateurs de la coopérative qui gère le Vox Populi et travaille aussi dans l’établissement comme barman depuis plusieurs années, malgré son jeune âge (24 ans). Son travail au Vox Populi, qui accueille des groupes ayant fait leur marque comme les Dales Hawerchuck ou Malajube – ce dernier groupe sera au Vox le 18 mars -, lui permet de se faire des relations dans le milieu, avec les bands comme avec les gérants.

Le journal Voir et l’équipe de KYK FM encouragent Francis et tous les finalistes à continuer d’être portés par l’espoir et souhaitent à tous la meilleure des chances dans la poursuite de leur carrière.

Écoutez la pièce Icitte on roule de Francis Doucet