Dobacaracol : Soleil hivernal
Le front chaud Dobacaracol fait boule de neige depuis plusieurs mois maintenant. Le vent dans les voiles, les deux fondatrices du duo percussif devenu groupe world-fusion prennent un moment pour jaser candidement.
Les membres de Dobacaracol ne chôment pas. À mi-chemin entre l’Océanie et la Belle Province, le groupe a produit un enregistrement de la chanson Et si tu n’existais pas pour l’album hommage à Joe Dassin Salut Joe. "Au début, on ne croyait pas avoir le temps pour ça. Mais Stéfie [Shock, le grand manitou du projet] nous en avait parlé, et quand on s’y est mises, on a adoré le résultat", explique Carole Facal, l’une des deux membres fondatrices de Dobacaracol.
Entre deux répétitions pour le lancement de l’album Salut Joe, les filles ont pris le temps de faire le point sur leur visite au pays des kangourous, l’une des premières ouvertures vers le marché anglo-saxon. "Ça s’est tellement bien passé! Les gens ont été très réceptifs", explique Doriane Fabreg, l’autre fondatrice du duo. "Les gens voyaient vraiment au-delà de la compréhension des mots", ajoute Carole Facal. Certes, leur métissage éclectique de percussions africaines, de mélodies sud-américaines et de chanson québécoise appelle à l’exotisme au-delà du langage, partout dans le monde. "Les anglophones vont écouter notre album comme nous écoutons un album de musique africaine. On ne comprend pas les paroles, mais on peut très bien l’apprécier. Le rythme est communicatif", dit vigoureusement Doriane.
Cette passion des sonorités étrangères provient de leur esprit naturellement nomade, et la passion du voyage transpire de la musique de Dobacaracol. "Le voyage était là même avant que l’album ne sorte, même avant qu’on ne fasse de la musique. C’est juste que là, l’album nous amène à voyager, alors c’est sûr que ça va influencer notre musique", explique Doriane. "On a toujours voyagé et fait ce qui nous plaisait. La musique est une extension de tout ça. C’est plus qu’un simple emploi, c’est un style de vie", rajoute Carole, totalement complice de sa consoeur.
LIBERTÉ, INTÉGRITÉ, PURETÉ
Le dur labeur porte fruit pour la formation québécoise. Après un premier album indépendant passé inaperçu, le second album, Soley, a été consacré album de musique du monde de l’année au Gala de l’ADISQ, en plus de s’écouler à plus de 25 000 copies. Bien que le succès ne se soit pas produit du jour au lendemain, l’engouement pour l’irrésistible single Étrange a pris les membres par surprise. "En fait, on n’avait jamais prévu un aussi gros succès. Avant ça, on avait tout le temps été classées dans l’underground. On n’avait jamais visé la radio. On n’avait jamais même pensé à ça. Ça ne nous effleurait même pas l’esprit. On a toujours fait notre petite affaire. Et soudainement, notre petite affaire est devenue une grosse affaire, et on a halluciné. On hallucine encore d’ailleurs!" exprime Doriane avec une dose sincère d’émerveillement. Une authentique et rafraîchissante naïveté émane des deux filles à l’origine du projet. "On s’en rend pas tellement compte [du succès]. On est un peu déconnectées. On n’écoute pas la radio, on ne regarde pas la télé. Il nous arrive parfois que quelqu’un nous mentionne que notre album est dans tel palmarès, et on se dit: "Oh wow! C’est le fun!" et on continue. On est peut-être un peu dans notre bulle, et je pense qu’on préfère ça comme ça", renchérit Carole Facal. Cela expliquerait pourquoi Dobacaracol demeure si intègre malgré toute la popularité qui l’entoure. En dépit du rythme effréné des jours de tournée incessants partout sur le globe, les deux membres fondatrices, pourtant mères de famille, s’avouent encore sereines et saines. "Le plus dur dans tout ça, ce sont les enfants. On a toutes les deux des enfants, mais on s’ajuste bien", dit Doriane avec une maturité qui transcende l’image bohème qu’elle projette.
Avec une telle attitude viennent l’autonomie à tout prix et l’entêtement pour la liberté. "C’est hors de question qu’on se plie aux demandes de qui que ce soit pour faire partie de la gang. S’il fallait faire ça, je lâcherais tout de suite demain matin. La musique, pour nous, c’est une histoire d’amour", explique une Doriane passionnée. "On y est vraiment impliquées, du bout des orteils à la pointe du dread!" rajoute Carole.
Il faut le dire, Doriane et Carole (dont les surnoms, respectivement Doba et Caracol, forment le nom de la formation) jouissent désormais d’une famille musicale élargie. D’abord un duo, les filles se sont entourées de Maxime Lepage à la basse, de Momo Coulibaly à la batterie, de Maxime Audet-Halde à la guitare et de Martin Lizotte aux claviers, quatre musiciens de haut calibre, totalement compatibles avec leur style. Il en résulte une complicité contagieuse qui prend forme sur scène. "Au début, on ne savait pas comment se définir: un duo ou un groupe? Mais les musiciens ont vraiment leur place, surtout en spectacle. Avant, les gens notaient le manque d’importance de nos musiciens. Mais ce n’est plus le cas maintenant. Ils ont vraiment trouvé un moyen de faire transparaître leur force pour que le groupe prenne de l’expansion. On est vraiment un tout maintenant", défend Carole.
Le 10 mars à 20 h 30
Au P’tit Bonheur de Saint-Camille
COMPLET
Le 30 mars à 20 h 30
Au Vieux Clocher de Magog
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