Frédéric Antoun : Jeu de rôle
Musique

Frédéric Antoun : Jeu de rôle

Le ténor Frédéric Antoun accepte au pied levé un remplacement pour le rôle-titre dans La Clémence de Titus, à l’Opéra de Montréal. Entretien avec une étoile montante.

Ces derniers temps, on peut dire que les choses vont vite pour le ténor Frédéric Antoun. En 2004, on l’a vu dans le rôle de Pang, dans le Turandot de Puccini monté à l’Opéra de Montréal. La même année, il participait au gala annuel de la maison, puis on le revoyait en novembre dernier sur la scène de Wilfrid-Pelletier, acclamé dans le rôle du roi Ouf 1er dans l’opéra bouffe L’Étoile d’Emmanuel Chabrier.

Devant la défection, pour cause de maladie, du chanteur américain Anthony Dean-Griffey, c’est encore à lui que Bernard Labadie a choisi de faire appel pour tenir le rôle de Titus dans le dernier opéra qu’ait composé Mozart, présenté à compter du 11 mars à l’Opéra de Montréal. "C’est arrivé vraiment par surprise!" explique Frédéric Antoun à propos de cette proposition reçue il y a à peine un mois. On suppose que Bernard Labadie a dû le choisir en sachant qu’il connaissait déjà assez bien l’opéra pour s’y intégrer sans encombre avec une si brève échéance… "Eh bien non, je ne le connaissais pas du tout!" précise-t-il. "J’ai donc dû apprendre le rôle assez rapidement… Mais ça va, j’ai pu le faire avant le début des répétitions et le travail se passe bien."

Il faut dire que le ténor a une formation qui peut sans doute lui être utile pour bien assimiler un texte musical, puisque avant d’étudier le chant, il étudiait la composition! Il est passé par la maîtrise en interprétation en chant à l’Université de Montréal, terminée en 2003, et poursuit actuellement sa formation au Curtis Institute of Music de Philadelphie, mais ce n’est qu’au baccalauréat qu’il a vraiment choisi cette… voie. "J’étais inscrit en technique d’écriture, mais je voulais aussi avoir des cours de chant. Il y avait cependant un maximum de cours que je pouvais combiner, alors j’ai dû choisir."

On a pu l’entendre plusieurs fois ces dernières années dans des concerts de musique sacrée et on l’entendra certainement de plus en plus à l’opéra. En mai, il interprétera Roméo dans le Roméo et Juliette de Gounod au Festival Spoleto à Charleston, en Caroline du Sud. Il tenait déjà le même rôle à l’Opera Theatre of Saint Louis en mai dernier, en version anglaise, un engagement qui lui a valu une occasion en or: "J’ai été invité à remplacer Rolando Villazon à Mexico! Tout un honneur, parce que c’est vraiment le meilleur! Je l’ai remplacé pour une soirée; j’ai d’ailleurs dû réapprendre le rôle en français assez vite, mais ça s’est bien passé. J’ai pu le voir, lui, chanter le rôle un autre soir, parce que j’étais resté comme doublure, et c’était incroyable. Il était arrivé du Japon la veille, avait fait des séances de photo dans l’après-midi et était arrivé en fin d’après-midi pour sa première répétition dans une mise en scène qu’il ne connaissait pas. Et le soir, il avait une présence extraordinaire!"

Voilà qui démontre bien que le métier de chanteur exige des qualités d’adaptation exceptionnelles! Qualités que doivent aussi avoir les maisons d’opéra afin de s’adapter aux fluctuations budgétaires. On sait que l’Opéra de Montréal traverse ces temps-ci une période perturbée sur ce plan, mais c’est une autre histoire…

On retrouvera aussi Frédéric Antoun au concert d’ouverture du Festival de Lanaudière dans le Psaume XIII de Liszt et bientôt sur disque, dans un récital enregistré par les Disques XXI.

Dans La Clemenza di Tito, il sera en compagnie des sopranos Emma Bell et Hélène Guilmette, des mezzo-sopranos Monica Groop et Julie Boulianne et du baryton Joshua Hopkins. Bernard Labadie dirige Les Violons du Roy et Jean-Marie Zeitouni, le Choeur de l’Opéra de Montréal.

Les 11, 15, 18, 20 et 23 mars
À la Salle Wilfrid-Pelletier
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