Navet Confit : Le Navet se confie
Navet Confit fait preuve d’une liberté créatrice hors norme. Celle qui vous permet de déconstruire vos pièces, d’expérimenter pour définir votre son et de lancer des albums au gré de vos humeurs.
Des mille exemplaires fabriqués à la main et initialement produits du premier album complet de Navet Confit, l’on compte 400 copies orange, 400 jaunes, 198 vertes et 2 roses. "Celles-là sont pour les filles, rigole le bidouilleur de pop planante dépourvue de canevas. Elles se sont retrouvées en magasin, pas question de les envoyer aux radios ou aux journalistes."
Le détail est moins anecdotique qu’il n’en a l’air, car il reflète la démarche artistique du musicien de 25 ans, qui nous balance quand bon lui semble des maxis de cinq ou six titres via son propre label Dry & Dead distribué par LOCAL. Comme son LP1 disponible depuis quelques jours, EP1 (2004) et 2 (2005) ont atterri chez les disquaires dans une pochette réalisée par sérigraphie. Ils livrent des compositions folk-rock tout aussi expérimentales qu’intelligentes et accrocheuses. Une approche semblable à celle de Sonic Youth et ses mini-albums SYR lancés à la fin des années 90.
C’est que depuis qu’il travaille seul dans sa casbah, "l’antre du navet" comme il le stipule, l’auteur-compositeur-interprète a mis en boîte des centaines de chansons qu’il enregistre de A à Z. "Au départ, je ne voulais pas lancer un seul album complet, mais plutôt un coffret de cinq disques. On m’a vite fait réaliser le côté suicidaire du projet", explique le batteur, bassiste, guitariste, programmateur et chanteur. "En fait, je travaille en solo, car ma dernière expérience de groupe (avec La Bande Jaune) m’a fait comprendre qu’il peut être difficile de mener la barque sans décevoir les autres musiciens. Quand j’enregistre une pièce, je la vois dans son ensemble. Tous les instruments se mélangent pour former un mur de son. Parfois, la ligne de basse peut se perdre complètement à l’arrière-plan. Un bassiste pourrait alors trouver que sa participation ne se distingue pas assez et critiquer ma réalisation, mais là, il n’y a que moi à satisfaire."
OEuvrer en solitaire, bien qu’il bénéficia de l’aide de quelques musiciens dont Alex Champigny des Trompe-l’oeil, permet aussi à Navet de jouer habilement avec ses compositions. "Je me suis lancé dans l’aventure Navet à la suite d’un désenchantement face à la pop en général. Je ne voulais plus bosser sur des pièces couplet / refrain / couplet. J’aime jongler avec les structures ou inclure des progressions d’accords qui ne reviendront qu’une fois dans une pièce. Les textures sonores m’intéressent tout autant", ajoute celui qui recevait récemment une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec en recherche et création musicale.
Ces efforts méticuleux portent fruit sur LP1, une production riche qui se divise en deux parties: la première, plus rythmée, noisy et mélodique, prouve toute la folie du musicien, alors que la deuxième navigue dans des eaux plus planantes et psychédéliques. Comme pour une galette des Flaming Lips, chaque écoute du compact est source de nouvelles découvertes.
Navet Confit
LP1
Dry and Dead / LOCAL
Le vendredi 17 mars
Au Main Hall