Richard Lee : Charlot à l’orchestre

Le chef d’orchestre Richard Lee prend graduellement possession de ses fonctions à titre d’assistant chef en résidence à l’Orchestre symphonique de Québec. Une tâche essentielle, qui laisse le principal intéressé sur le qui vive: remplacements de dernière minute, assistance aux activités du maestro et direction de concerts, parfois ponctués d’originalité. L’hommage au cinéaste anglais maintenant légendaire Charlie Chaplin présenté cette fin de semaine à l’OSQ en est un exemple. Le Cirque, un film produit à la fin des années 20 par Chaplin, sera projeté sur grand écran et accompagné par la musique de l’Orchestre. "Pour le chef, c’est plus difficile comme circonstance, avoue Richard Lee. Comme à l’opéra. On doit être en mesure de réagir à tout ajustement et, pour ce faire, élaborer une technique plus souple. Les boîtes qui décrivent l’action, par exemple, sont de courtes périodes de transition qui offrent une latitude. Mais le contact avec l’image doit être parfait. Les repères, définis tous les trois ou quatre mesures, sont primordiaux."

Au moment où il crée ses films, Charlie Chaplin – en plus d’en assumer la production, le scénario et le rôle principal – fait de la composante musicale un facteur déterminant pour la compréhension de l’émotion des personnages. Agissant comme compositeur, au fait de la musique de son époque, il s’est assumé en tant qu’autodidacte. "C’est une musique très ancrée dans la culture populaire de son temps, explique le chef d’orchestre, un style spécifique. Par contre, il y a une élégance très prononcée. On peut parfois faire un lien avec la famille Strauss. Il y a deux valses incluses dans le film, et on peut faire le rapprochement." Pour Le Cirque, Charlie Chaplin élabore une nouvelle trame sonore en 1969 et redécouvre ainsi un chef-d’oeuvre oublié, en raison de mauvais souvenirs liés au tournage. C’est cette musique revue et corrigée que présente l’OSQ, dans une nouvelle édition réalisée par Timothy Brock. "Il [Brock] a eu quelques détails à corriger, précise Richard Lee. Des problèmes de tempos plus ou moins synchronisés. La tâche principale est d’aboutir à un enchaînement totalement intégré. Les cuts doivent être rapides, si on peut dire."

Présenté conjointement avec la troupe multidisciplinaire Cirque Plus et le créateur Dmitrii Arnaoutov, qui dévoileront quelques tableaux chorégraphiés en première partie, l’univers de Charlot trouve sa voix dans une performance active et de mise avec ce déploiement d’effectifs. Un univers attachant, aux personnages marginaux et intemporels, qui a fini par toucher Richard Lee. "Tout est tellement fragmenté aujourd’hui dans le cinéma, indique-t-il. C’est soit une comédie, soit un drame, ou encore un film d’action. Chez Chaplin, on fait abstraction de ces stéréotypes. Tout est inclus dans ses films. Il y a des moments marrants bien sûr, mais il arrive à être touchant et sérieux. On sent l’honnêteté des sentiments lorsqu’il montre ses personnages. Il arrive à exprimer une tristesse véritable."

Les 10 et 11 mars à 20 h
Au Grand Théâtre
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