Troy Von Balthazar : Enfin seul
Musique

Troy Von Balthazar : Enfin seul

Troy Von Balthazar ne se cache désormais plus sous un quelconque artifice et se livre dans son premier album avec une entière liberté.

"S’il vous plaît, ne copiez pas ce disque, car j’aimerais continuer à faire de la musique et si je ne vends aucun album je vais perdre la tête et je vais m’enfuir dans la forêt pour vivre avec les écureuils." Voilà ce qu’on lit à l’arrière de la pochette du tout nouvel album éponyme de Troy Von Balthazar, son premier en tant qu’artiste solo. Le message est clair: pour lui, la musique relève du besoin vital, d’une urgence: "Penser à écrire des chansons donne tout son sens à ma vie et la rend excitante. J’y réfléchis constamment. Si je passe une journée normale à aller prendre un café par exemple ou à relaxer avec des amis, sans faire de musique, c’est cool, mais il manque quelque chose d’important."

Troy Von Balthazar fut, pendant plus d’une dizaine d’années, la figure rageuse et enflammée à la tête de la formation Chokebore, qui a obtenu un certain succès d’estime dans les années 90 (ils ont entre autres ouvert à quelques reprises pour Nirvana). Beaucoup plus apaisé aujourd’hui qu’à cette époque, il fait désormais cavalier seul. Du rock lourd et bruyant qu’il produisait auparavant, il est passé à un folk-pop minimaliste bricolé tout en délicatesse à l’aide d’une guitare, de quelques instruments jouets et d’une boîte à rythme. De la musique à l’enregistrement, il a tout exécuté lui-même. Seules les voix de deux chanteuses se joignent à la sienne pour quelques titres. Entrevoyant en lui une nouvelle sensation à surveiller de près, plusieurs l’auront comparé à Elliot Smith et à Blonde Redhead pour la fragilité de ses compositions, sa voix ténue et sa poésie déchirée.

Serait-il intéressé un jour à retourner à la formule de groupe? "Non! J’aime trop être seul. C’est terrorisant, car absolument tout repose sur ma personne, mais en même temps, ça me stimule. D’être seul me permet d’exprimer exactement ce que j’ai envie. Certaines de mes chansons sont très douces et d’autres plus directes, mais il s’agit pour chacune d’une réflexion personnelle."

S’il retourne parfois passer un peu de temps dans son Hawaï natal, l’artiste que Cat Power a déjà qualifié de "jeune Bob Dylan" n’a à vrai dire aucun port d’attache, voyageant sans cesse. "Il y a environ trois ans, j’ai décidé de ne plus avoir de lieu de résidence et, depuis, je me promène d’un endroit à l’autre, j’ai surtout passé du temps à Los Angeles, à Paris et en Allemagne. C’est en ces divers lieux que mon album a pris forme."

Ami de la fille de Leonard Cohen, c’est chez le maître qu’il séjournait alors qu’il était à Los Angeles, et une grande partie de l’album y a été créée. "Il m’a surtout transmis cette confiance qu’une vie passée à faire de la musique et à écrire pouvait être une vie merveilleuse. Il a plus de 70 ans maintenant et il a eu une existence fabuleuse. Je le regarde et je me dis que je veux avoir une vie comme la sienne, faite de musique et de poésie."

Le 14 mars
Au National
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