Serge Gainsbourg : Volutes gitanes
Serge Gainsbourg n’a jamais été aussi vivant. Quinze ans après sa mort, on le compile encore, on célèbre son culte avec une multitude de parutions excitantes. Revue des dernières perles.
Avec Léo Ferré, Serge Gainsbourg est sans doute le chanteur populaire français le plus novateur, moderne, dont l’oeuvre protéiforme ne cesse d’être redécouverte, de New York à Paris, en passant par Londres. Il y aura toujours des trésors de Gainsbourg à se repasser en boucle. Et si ses volutes gitanes s’évaporent dans notre ère climatisée, ses chansons resteront de formidables feux étincelants.
Essentielle, l’oeuvre de Gainsbourg par son créateur lui-même. Coffret de cinq CD, Les 100 plus belles chansons est un excellent résumé de ses meilleurs titres. Une "semi-intégrale" indispensable aux fans et aux néophytes. Dans un joli boîtier à l’iconographie irréprochable, chacun des cinq CD reprend une période précise. Sur le premier, les chansons jazzées rive-gauche. Le second présente la quasi-totalité des albums majeurs (Confidentiel et Percussions). Le troisième, la période pop où le chanteur va en Angleterre et insuffle un vent nouveau à ses chansons, plus survoltées que jamais. Le quatrième contient la version intégrale (miracle!) de son chef-d’oeuvre, Histoire de Melody Nelson (1971), dont Beck et plusieurs autres artistes ne se sont jamais tout à fait remis. Hélas, le même traitement n’a pas été réservé au merveilleux L’Homme à tête de chou (1976), sous-représenté. À la place, des titres dispensables (Sea sex and sun) et presque rien du mésestimé album Vu de l’extérieur. Enfin, le cinquième CD termine avec la période reggae et funk.
Passons rapidement sur le grandiose coffret Mister Melody, quatre CD consacrés aux interprètes de Gainsbourg (voir critique dans la page Disques). Un monument indispensable. On ne pouvait rêver mieux.
Enfin, Monsieur Gainsbourg Revisited (en CD ou double vinyle) offre des adaptations anglaises qui permettent de mesurer son influence chez les artistes anglo-saxons. La palme de l’audace à Portishead (qui entremêle deux chansons), à Franz Ferdinand & Jane Birkin (Sorry Angel métamorphosée). D’excellentes versions aussi par Marianne Faithfull & Sly and Robbie, par Michael Stipe de R.E.M. et par The Kills. Un disque de bonne facture qui élargira le cercle des fans. Tant mieux.
Serge Gainsbourg
Les 100 plus belles chansons (3.5/5)
Mister Melody (4.5/5)
(Universal)
Artistes variés
Monsieur Gainsbourg Revisited (3/5)
(Universal)