Annie : Bonbon fizz
La Norvégienne Annie accouchait l’an dernier d’un premier opus d’euro-pop bonbon et dansant entre Madonna et Kylie. Rencontre avec la charismatique blonde, aussi pétillante que ses chansons.
Seule dans une chambre d’hôtel d’Oslo, Anne Lilia Berge-Strand, alias Annie, griffonne des idées de textes dans son calepin et retranscrit dans son laptop les mélodies qui se promènent dans sa tête. "Tu sais, j’éprouve un réel besoin de m’isoler pour créer. J’aime me retrouver seule. Après, je m’envolerai vers New York où je désire m’installer pour trois semaines. Mon but est de terminer cinq chansons lors de cette escale. Je sens que mon écriture s’affine et devient plus mature. Même si je ne sais pas encore où ça me mènera, les deux pièces terminées sont beaucoup plus clubby", laisse tomber une voix guillerette et éveillée à l’autre bout du fil.
Produit par son petit ami, Tore Andreas Kroknes, alias Erot, le premier titre d’Annie, The Greatest Hit, provoque des remous dans une poignée de discothèques underground en 99 mais sans plus. Après la parution d’un deuxième simple qui passe sous silence (I Will Get On), la vie de Kroknes prend abruptement fin à la suite d’une défaillance cardiaque. Terrassée, Annie reste silencieuse pendant quelque temps puis, armée de sa petite voix frêle, de mélodies canon et de rythmes dansants, lance Anniemal, une première galette de pop à l’européenne. Riche en saccharine, l’opus balance adéquatement entre ludisme et mélancolie et propose des collaborations avec l’Anglais Richard X, Timo Kaukolampi d’Op:L Bastards et ses confrères norvégiens de Röyksopp. Comme Annie connaissait bien le duo sur le plan humain, l’association fut à la fois agréable et exténuante, particulièrement en ce qui concerne l’élaboration de la pièce Heartbeat. "On devait coordonner nos jours fériés et ce fut un très long processus de création. À l’origine, le morceau était beaucoup plus club mais ça sonnait vraiment trop quétaine! On a décidé de dénuder la chanson, de lui enlever des couches et de ne conserver que les éléments principaux. Chose que je ne regrette pas."
Djette en demande, la Norvégienne présente, fin 2005, une compil mixée de la populaire collection DJ-Kicks (sous l’étiquette allemande !K7) qui lui permet de multiplier les sets à travers le globe et de se balader du Japon à l’Australie, en passant par une brève escale en Scandinavie. "C’est étrange parce que depuis la parution de l’album, j’ai beaucoup voyagé; je suis restée une semaine ou peut-être même quelques jours chez moi! Ça donne pratiquement l’impression de ne pas avoir de chez-soi et ça me plaît! Jouer à la djette est résolument plus près du hobby que du travail. C’est du plaisir à l’état pur!" rigole la belle.
Préférant ne pas aborder le sujet du décès de son amant et collaborateur, Annie ne mâche cependant pas ses mots quand vient le temps de parler de l’industrie des stars préfabriquées. "La bonne musique pop est souvent l’affaire des producteurs. Si la compagnie de disques de l’artiste a le moindrement de goût, elle en dénichera un à la hauteur du talent de son protégé. Voilà pourquoi, de nos jours, on retrouve énormément de musique ennuyante et seulement une poignée d’artistes qui valent le détour", raconte la jeune femme de 27 ans.
Impliquée artistiquement à tous les niveaux (des concepts de ses pochettes jusqu’aux remix), la blondinette n’apprécie guère les comparaisons avec ses consoeurs Kylie ou Britney. "Ce sont des femmes que je respecte mais je participe au processus créatif, contrairement à elles. Oui, je suis une freak qui aime contrôler tous les aspects de son art, et ça ne changera pas de sitôt!" Dans une classe à part, cette Annie.
Le 22 mars
Au Club Lambi
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